Bouteflika a assuré que l'Algérie reprendrait sa médiation dans le conflit entre le gouvernement malien et la rébellion touareg, a annoncé à Alger le ministre malien des Affaires étrangères Moctar Ouane. «Nous sommes très heureux que le président Bouteflika ait annoncé la décision de l'Algérie de reprendre toute sa place dans la dynamique du règlement de cette question», a déclaré M. Ouane à l'issue d'un entretien hier avec le président Bouteflika. «Depuis quelque temps, le nord du Mali subit des difficultés qui affectent notre stabilité interne et l'Algérie a toujours joué le rôle de facilitateur pour le règlement des différentes crises qui ont secoué cette région», a ajouté M. Ouane. Le ministre malien a précisé que des consultations avaient «été engagées à l'initiative du président malien pour qu'une solution soit trouvée à tous ces défis [...] à travers l'organisation d'une conférence pour que les pays directement concernés se concertent au niveau des chefs d'Etat pour dégager ensemble des solutions durables à ces problèmes». La médiation algérienne avait été suspendue en avril à la suite de critiques de la presse malienne. L'Algérie, l'un des principaux médiateurs dans le conflit entre Bamako et la rébellion touareg, avait abrité en juillet 2006 la signature à Alger d'accords de paix dans cette région frontalière entre les deux pays. Les attaques, enlèvements et affrontements armés se sont récemment multipliés dans la zone, notamment à l'initiative du groupe de Ag Bahanga, qui avait repris les armes fin mars avant de signer le 3 avril à Tripoli un protocole de fin des hostilités et un cessez-le-feu avec Bamako. Mais la paix demeure fragile car des petits groupes touareg continuent à agresser sporadiquement l'armée, et 33 militaires maliens détenus par Ag Bahanga attendent toujours d'être libérés faute de validation par les parties d'un plan de mise en œuvre du protocole de Tripoli qui devait être discuté sous médiation algérienne. On se souvient des attaques injustifiées d'une certaine presse malienne qui attribuait à l'Algérie des visées expansionnistes et des attitudes belliqueuses à travers le dossier des Touareg du Nord malien et nigérien. Pourtant, c'est bien l'Algérie qui a servi de pompier pour éteindre le brasier qui a éclaté dans la région sahélo-saharienne au début des années quatre-vingt-dix. Pourtant, Maliens et Nigériens savent qu'au-delà de la constance de la politique étrangère algérienne et de ses positions principielles concernant la stabilité des pays voisins, l'Algérie a tout intérêt à ce que ses frontières sud soient sûres et sécurisées à travers une coopération politique, économique, sociale et humaine avec le Mali et le Niger. Des projets ont même été identifiés pour le développement des régions frontalières dans les trois pays afin, d'une part, de favoriser un échange humain naturel et, d'autre part, d'assurer le développement de ses régions pour une meilleure stabilisation et sédentarisation des populations. C'est dans cet esprit que l'Algérie s'était impliquée corps et âme dans le règlement du conflit Touareg-gouvernement malien. C'est dans le même esprit qu'elle accepte aujourd'hui de servir de médiateur pour que la paix sociale et la sécurité soient restaurées afin de pouvoir penser sérieusement au développement des régions sahélo-sahariennes. A. G.