La voiture est devenue un sujet de discussion majeur depuis quelque temps en Algérie. Une nouvelle taxe sur les véhicules neufs instituée par le gouvernement soulève des interrogations et fait couler beaucoup d'encre et de salive. Il en est de même d'une autre décision gouvernementale, il s'agit du permis de conduire qui coûtera plus cher (30 000 DA) dès septembre prochain. Mais derrière tout cela, une réalité amère semble être occultée. Les routes algériennes sont devenues des portes ouvertes vers l'enfer. En dépit des efforts consentis pour la modernisation du réseau routier national, des mesures répressives introduites au code de la route et des multiples opérations de sensibilisation en matière de sécurité routière, les accidents de la circulation ne cessent de prendre de l'ampleur. Avec une moyenne de 4 000 morts sur les routes par an, c'est pratiquement la population d'une ville entière qui est décimée en une décennie. Et cela, sans oublier les 3 000 personnes par an qui se retrouvent en une fraction de seconde, handicapées à vie. Le pic de cette hécatombe est enregistré durant les périodes estivales. Le mois d'août étant le plus meurtrier. Les derniers chiffres communiqués par la Gendarmerie nationale confirment ce carnage. Rien que pour le premier semestre de l'année en cours, 11 336 accidents de la route, faisant 1 600 morts et 19 369 blessés, ont été recensés. En comparaison de la même période de l'année 2007, le taux de mortalité a connu une progression de 7,24%, celui des accidents de 5%. Du 2 ou 8 juillet dernier, 544 accidents de la circulation, causant 69 décès et 941 blessés, ont été comptabilisés par la même institution. En plus de l'aspect émotionnel qui a tendance à prévaloir sur le phénomène, la perte d'un être cher n'ayant pas de prix, les accidents de la route ont une incidence importante sur le Trésor public. L'Etat débourse une moyenne de 850 000 DA pour chaque accident et 170 000 pour un blessé. En une année, pas moins de 5,5 milliards DA sont sortis des caisses de l'Etat pour faire face à ce fléau. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière consacre 25% de son budget à cet effet. Entre 1,5 et 2% des recettes de la production nationale sont nécessaires pour prendre en charge les victimes de la route. La responsabilité de ce véritable terrorisme routier est imputée par les services concernés au comportement inconscient des citoyens. L'être humain est incriminé dans plus de 90% des facteurs à l'origine des accidents. Le non respect du code de la route, la perte de contrôle du véhicule, l'excès de vitesse et les dépassements dangereux sont derrière le plus grand nombre. Aujourd'hui, le Centre national de la prévention et de la sécurité routière (CNPSR), sous l'égide du ministère des Transports, tient une conférence de presse au niveau de la maison de la presse «Tahar Djaout» pour annoncer une nouvelle campagne de sensibilisation aux dangers de la route. La énième. Cette fois, les dépassements dangereux seront le point de mire. D'où le slogan «le dépassement dangereux est un abus du droit à la vie». Du 5 août au 15 septembre, différents organismes et institutions participeront à la manifestation. Les ministères de l'Intérieur et des Collectivités locales, des Travaux publics, de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, de la Communication, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de la Poste et des Tic, en collaboration avec le Centre d'enseignement à distance, la Protection civile, les services de sécurité, les mouvements associatifs, les scouts musulmans algériens, l'entreprise Naftal ainsi que des entreprises de publicité s'attelleront à différents niveaux à la réussite de l'opération. Cette campagne de sensibilisation se manifestera par l'émission de spots et d'émissions télévisuels et radiophoniques au sujet de la prévention routière en général et des dépassements dangereux en particulier. Au niveau local, les APC auront à rénover les panneaux de signalisation et à déterminer les points noirs de la circulation automobile. Des prospectus seront distribués par les agents de l'ordre dont la mobilisation sera importante, et des caravanes de sensibilisation sillonneront le territoire des wilayas concernées. S. A.