En Algérie, il n'y a pas, à ce jour, de statistiques fiables sur les infections nosocomiales et leurs conséquences tant en matière de décès, de surcoût que de durée d'hospitalisation. Depuis quelques années, on assiste à un relâchement des mesures d'hygiène dans les hôpitaux et plusieurs cas d'épidémie dus aux infections nosocomiales ont été enregistrés, notamment avec l'affaire des bébés décédés à l'hôpital Parnet d'Hussein-Dey. Cependant, ces infections représentent un véritable problème de santé publique, par leur fréquence, leur coût et leur impact sur la société. La prévalence des infections nosocomiales est très élevée dans notre pays, elle est estimée à plus de 14%. “L'hygiène hospitalière et les infections nosocomiales sont un vrai problème de santé publique, leurs conséquences sont lourdes sur la pratique chirurgicale et les soins aux malades”, a déclaré le directeur du centre hospitalo-universitaire de Béni- Messous, lors de la journée d'étude sur l'hygiène hospitalière qui s'est tenue hier au même CHU. En effet, l'infection nosocomiale est une maladie d'origine bactérienne, qui se définit comme une infection contractée par un malade hospitalisé et qui n'était pas présente en incubation lors de son admission. Une infection sera considérée comme nosocomiale, si elle apparaît plus de 48 heures après le début de l'hospitalisation. Chaque année, des malades contractent une infection lors de leur séjour à l'hôpital. Le Pr Soukehal a fait remarquer que beaucoup de cas pourraient être évités avec les précautions minimales d'asepsie et l'application du protocole de l'hygiène pour l'effectif médical. Il a expliqué que la mise en place d'une politique d'hygiène contribuera à la baisse des risques d'infections nosocomiales. Dans ce sens, ce spécialiste a indiqué qu'en juillet 2007, l'hôpital de Béni- Messous a enregistré une épidémie d'infection nosocomiale au service d'ophtalmologie. Durant la première semaine du mois de juillet, sur 105 patients opérés 14 malades ont été contaminés par une infection nosocomiale soit 13%. Selon l'enquête faite pas le service épidémiologie, 11 malades infectés ont été opérés par la même équipe chirurgicale. Suite à cette enquête, les mêmes germes ont été retrouvés dans tout le bloc opératoire, sur la table du bloc, le respiratoire, le stérilisateur, le lit de réveil du malade voire même sur la dose du produit d'injection. Selon Pr Soukehal, le taux d'attaque durant cette première semaine du mois de juillet était de 30,7%. “Il n'y a pas de sécurité des soins sans hygiène des mains. Les mains sont un réservoir de germes, il faut respecter le protocole d'hygiène, laver puis désinfecter avant de porter ses gants”, a-t-il précisé. Il a rappelé, en outre, l'instruction ministérielle qui fait obligation quant à une application stricte et rigoureuse des mesures d'hygiène dans les structures hospitalières. Il a aussi insisté sur la nécessité de veiller quotidiennement au respect des procédures édictées, au niveau de tous les postes de travail, sans exclusion. En conclusion, il soulignera que “la prévention passe par des modifications du comportement”. Concernant les plaintes déposées par les patients contaminés lors de leur hospitalisation, à titre d'exemple le CHU de Annaba a déboursé près de 9 millions de DA pour dédommager les malades atteints d'une infection nosocomiale. Nabila Afroun