De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani C'est au cours d'une assemblée générale pour le moins houleuse tenue jeudi dernier devant le siège de la direction générale du complexe sidérurgique que les quelque 5 000 travailleurs (près de 2 000 selon les services de sécurité) ont finalement voté pour la grève illimitée après dépôt du préavis auprès de l'Inspection du travail. Devant les travailleurs, Smaïn Kouadria, secrétaire général du syndicat de l'entreprise, a rappelé les différentes démarches que les syndicalistes avaient suivies avant d'opter pour cette mesure qualifiée d'extrême. Il dira que la plate-forme de revendications qui s'appuie essentiellement sur l'application de la convention de branches et le relèvement des salaires s'est heurtée au refus catégorique de la direction qui ne veut pas entendre parler d'augmentations de salaires ou d'adhésion à ladite convention pourtant décidée par la tripartite et la Fédération nationale des métallurgistes affiliée à l'UGTA. L'échec des négociations qui ont duré des mois a amené, selon l'orateur, le syndicat à quitter la table des négociations et à opter pour la grève, exhortant les travailleurs à voter pour la proposition faite par le conseil syndical. Dans le brouhaha qui a suivi, Smaïn Kouadria a été interrompu par des dizaines de travailleurs qui refusaient d'aller à cette extrémité. L'unanimité ayant caractérisé les précédentes assemblées s'en est trouvée sérieusement compromise, on en est venu aux mains et un affrontement entre les 2 camps -ceux qui sont pour la grève et ceux qui sont contre- a failli dégénérer en bataille rangée n'était l'intervention du secrétaire général et du président du conseil de participation qui ont réussi à calmer les esprits ainsi que celle des éléments de la Gendarmerie nationale présents sur les lieux. Le préavis de grève -d'une durée de 8 jours et qui court à partir de jeudi- prévoit au bout une grève générale illimitée avec un respect strict du service minimum. Le vote à main levée en présence d'un huissier de justice est cependant contesté par certains travailleurs qui y voient une sorte de pression. Ils auraient préféré que celui-ci ait lieu à bulletins secrets de façon à laisser à chacun la liberté de décider en son âme et conscience sans risque d'être pris à partie par ses collègues de travail au cas où il déciderait de voter contre. Toujours est-il que cette décision d'aller à la grève peut ne pas se concrétiser au vu des développements qui ont eu lieu dans l'après-midi de jeudi. En effet, une autre réunion s'est tenue entre la direction générale et les représentants syndicaux pour essayer une énième fois de désamorcer la crise qui secoue le complexe. Une réunion qui aura duré près de 4 heures pleines pendant lesquelles les 2 parties ont tenté de trouver un terrain d'entente, la grève n'étant pas la meilleure des solutions pour apaiser la tension, les 2 camps y perdraient. On croit savoir qu'à l'issue de cette rencontre, le syndicat est sorti à moitié satisfait et l'on s'achemine peut-être vers une solution qui répondrait aux attentes des uns et des autres, ce qui éviterait au complexe d'être paralysé une fois de plus avec toutes les pertes que cela engendrerait pour tous. Les jours à venir nous en diront plus.