Les yeux des Algériens seront rivés, particulièrement aujourd'hui, sur le pays de Mandela. Tout le monde va scruter d'un œil attentif la performance des Fennecs lors de leur première sortie dans ce Mondial si particulier dans le cœur des Algériens et des Africains en général. Ce n'est pourtant pas aussi simple qu'on le pense. Car, malgré les efforts méritoires des joueurs et des dirigeants, l'équipe nationale reste loin du niveau mondial. Ce n'est pourtant pas du pessimisme. Ce n'est pas non plus de l'auto-flagellation. C'est une réalité que même les spécialistes les plus avertis ont reconnue. Sauf que, dans ce genre de situations, l'heure n'est pas à la critique. C'est plutôt le moment de communion, de solidarité. Le moment où les supporters de l'équipe nationale de football –il se trouverait des Algériens qui ne s'intéressent même pas au foot et il faut les respecter- se mettent comme un seul homme derrière leur team. Charge aux joueurs de ne pas décevoir. Même si, encore une fois, à l'impossible nul n'est tenu. Si jamais on cherchait une preuve de l'énormité de l'attente des Algériens dans leur équipe nationale, il suffirait de voir les drapeaux déployés dans les quartiers et villages pour s'en convaincre. Les chants à la gloire des Verts, les slogans chantés un peu partout dans le monde et la ferveur des supporters, dont certains abandonneront leur poste de travail rien que pour le match, sont des preuves supplémentaires de la communion qui a gagné le cœur de chacun. Cela s'apparente à du chauvinisme, un sentiment imparable en pareille circonstance. Mais l'enjeu en vaut la chandelle, en ce qu'il représente pour tout un peuple, notamment sa jeunesse. Cette jeunesse qui ne cherche pas uniquement les sensations fortes avec les matches de football, mais également des repères. Au-delà de cette rencontre, décisive de surcroît, c'est donc un mythe qui est né autour de cette équipe nationale. On ne le dira jamais assez : cette fabuleuse équipe, emmenée par Rabah Saadane, a donné de la fierté aux jeunes Algériens, réconciliés avec leur pays et ses symboles. C'est cela la plus grande des victoires. Car, il y a tout juste quelques mois, c'était les maillots des équipes européennes que mettaient les jeunes Algériens. Aujourd'hui, ce sont les Ziani, Matmour et autre Bouguerra qui ont donné leurs noms aux maillots qu'arborent fièrement les Algériens. Cela veut dire tout simplement que, quel que soit le résultat de cette Coupe du monde, les Algériens auront au moins cette fierté d'avoir gagné une équipe. Ils sont fiers d'avoir des joueurs auxquels ils s'identifieront, malgré les difficultés des temps qui courent. Cela ne changera pas, bien sûr, le quotidien des Algériens. Car cette sortie honorable de l'équipe nationale de football ne permettra pas d'éradiquer le chômage. Elle ne donnera pas plus de travail ni n'ouvrira d'autres perspectives. Mais elle donnera de l'espoir. Et c'est toujours cela de gagné. A. B.