Photo : Riad Par Youcef Salami L'Agence internationale de l'énergie (AIE) se montre optimiste ; elle a revu à la hausse la trajectoire de la demande pétrolière mondiale. Un léger relèvement de ses prévisions pourrait cependant ne pas changer grand-chose à l'évolution globale des marchés pétroliers affectés par la crise en Europe. L'agence, qui représente les intérêts des pays industrialisés, estime dans un rapport rendu public le jeudi 10 juin que le monde devrait consommer cette année «86,4 millions de barils par jour (mbj)». Les nouvelles prévisions de l'AIE sont liées à des données préliminaires plus fortes qu'attendu dans les pays riches de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), notamment en Amérique du Nord, où la reprise économique tire la demande de produits distillés. L'agence revoit ainsi en hausse de 80 000 barils par jour ses prévisions en demande dans l'OCDE pour 2010, à 45,5 mbj. En revanche, la consommation hors OCDE devrait être de 30 000 barils par jour, plus faible que celle initialement prévue, soit 40,9 mbj, tirée légèrement vers le bas par l'Afrique et le Moyen-Orient. Mais l'augmentation de deux pour cent de la demande mondiale par rapport à 2009 (inchangée à 84,8 mbj) provient presque entièrement des pays non membres de l'OCDE, en particulier d'Asie où la croissance économique est plus forte, selon le document de l'AIE. L'année dernière, du fait de la crise financière, la demande mondiale avait diminué de 1,5% par rapport à 2008, alors que la production a diminué en mai de 575 000 barils par jour, par rapport au mois précédent, à 86,3 mbj, surtout en raison de la «maintenance saisonnière» dans les Etats non membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), est-il écrit dans le rapport de l'AIE. L'offre pétrolière de l'OPEP a également légèrement baissé en mai par rapport à avril (-30 000 barils par jour à 29,02 mbj), la hausse de la production irakienne étant compensée par des ruptures d'approvisionnement en Angola et au Nigeria. La prévision d'offres hors OPEP en 2010 est revue à la hausse de 65 000 barils par jour, à 52,3 mbj, notamment car la production devrait être plus forte dans la mer du Nord. Par ailleurs, selon le rapport en question, le moratoire de six mois sur la plupart des forages en eaux profondes mis en place par l'administration américaine fin mai, en raison de la marée noire, «pourrait, s'il est prolongé, retirer jusqu'à 100 000 à 300 000 barils par jour de la prévision de production de brut américain dans le golfe du Mexique d'ici à 2015». Enfin, l'AIE constate que «la crise de la dette grandissante dans la zone euro» influe sur les cours du pétrole, avec une forte baisse du prix du baril, qui s'échangeait début juin, autour de 72 à 73 dollars. Vendredi dernier, les prix du pétrole se sont nettement repliés à New York, le baril finissant la semaine sous 74 dollars, pénalisé par la baisse surprise des ventes de détail aux Etats-Unis et une production industrielle moins forte qu'attendu en Chine.