Photo : Riad Par Youcef Salami Un retournement de situation sur les marchés pétroliers, est-ce possible ? Peu probable. Du pétrole pas cher, c'est révolu. C'est le propos de Nicolas Sarkis, directeur de la revue Pétrole et Gaz arabes (PGA) et président du Centre arabe d'études pétrolières (CAEP). Nicolas Sarkis s'exprimait mercredi dernier, à l'hôtel El Aurassi, à l'occasion d'un débat organisé par le club Excellence Management, sur les mutations du marché pétrolier international et leurs conséquences sur l'Algérie. L'invité du club a passé en revue les facteurs qui font que les cours de brut atteignent aujourd'hui des pics jamais égalés. Il a ainsi rappelé, entre autres, la forte demande en pétrole enregistrée, ces dernières années, en Chine et en Inde, deux pays qui impriment des taux de croissance à deux chiffres. Nicolas Sarkis note, et il n'est pas le seul à le faire, que les prix du pétrole devraient continuer à augmenter «à court terme» et qu'ils pourraient atteindre de «nouveaux records» bien qu'il y ait «équilibre entre l'offre et la demande». A terme, la tendance à la hausse «va continuer» en raison, notamment, de tensions géopolitiques en Iran, au Nigeria et récemment au Venezuela, a-t-il affirmé. Et d'ajouter que la spéculation, alimentée par des prévisions toujours haussières des spécialistes, ainsi que l'aspect climatique avec le passage de cyclones dans le golfe du Mexique, affectant sérieusement l'offre de brut, «contribuent» également à cette augmentation. Tout en rappelant les hypothèses émises par certains, comme le ministre du Qatar qui avait parlé d'un baril à deux cents dollars, l'invité du club Excellence Management indique que les cours du pétrole pourraient atteindre la barre «des 160 dollars avant fin 2008» bien que l'offre soit «largement suffisante», non seulement pour répondre à la demande en hausse continue des pays consommateurs, mais aussi pour alimenter les stocks de ces pays. Jeudi dernier, l'or noir a atteint un nouveau record : 135 dollars. Du jamais-vu. Et sur le long terme ? Le président du CAEP souligne qu'il est difficile d'avancer une date à laquelle commencerait le déclin des gisements pétroliers et s'épuiserait le pétrole. Dans les années soixante-dix, a-t-il déclaré, les experts disaient que, dans trente ans, il n'y aurait plus de pétrole. Ils n'ont pas vu juste. Nicolas Sarkis estime cependant qu'il est difficile de pouvoir découvrir aujourd'hui de gisements géants. Nicolas Sarkis, prudent, s'est gardé d'avancer des prix auxquels pourraient être coté le pétrole dans dix ou quinze ans, se contentant de prévoir une éventuelle «rechute» des cours en cas, entre autres, d'apaisement de tensions géopolitiques, notamment entre l'Iran et les Etats-Unis. Mais ce qui est sûr, selon lui, c'est que la demande provenant, particulièrement, de pays émergents comme la Chine et l'Inde va s'accélérer et obliger les pays exportateurs à puiser dans leurs capacités non utilisées et, par conséquent, continuer à soutenir les cours. La rencontre de mercredi dernier a donné lieu à des échanges de vue riches en informations sur les enjeux pétroliers, sur les rapports entre pays consommateurs et pays producteurs. Nicolas Sarkis a formulé des réponses aussi complètes que possibles aux questions posées par l'assistance. Entre autres questions centrales, est-ce que les mutations sous-jacentes aux marchés pétroliers enregistrées dans les années soixante-dix ou quatre-vingt sont similaires à celles d'aujourd'hui ? A quel point la dépréciation du dollar peut-elle influer sur les cours du brut actuellement ? Pourquoi les Etats-Unis exercent-ils des pressions sur des pays exportateurs de pétrole ? Ou encore pourquoi le pétrole n'est-il pas soumis au contrôle populaire ? Le président du Centre arabe d'études pétrolières (CAEP) a étalé une somme de données, dont un des rapports élaborés par l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Celle-ci, a-t-il rapporté, a tiré la sonnette d'alarme sur la situation des marchés.