Lionel Messie tardait à briller avec l'Argentine, entre prestations quelconques et carrément ternes : samedi contre le Nigeria (1-0), il a presque affiché le talent qu'il déploie à Barcelone, presque, car il lui a manqué ce petit but qu'il a tant cherché. Le bourdonnement des vuvuzelas était monté de plusieurs décibels lorsque son visage s'était affiché sur l'écran à la présentation des équipes. Et les trompettistes en herbe ne s'y sont pas trompés : c'était le bon Messie. «Je veux qu'il soit toujours près du ballon, a commenté son sélectionneur, Diego Maradona. On prend du plaisir quand il est comme ça. Le foot ne serait pas beau si on ne voyait pas Messie faire des choses barbares.» Veron en meneur de jeu, la paire Higuain-Tevez en attaque et Messie en… Messie. Libre dans son placement, il a aussi joué libre en diagonale de droite à gauche devant une ligne verte pétrifiée, achevée sur un tir contré (60'). Un jeu idéal pour attirer tout un groupe d'adversaires et démarquer ainsi ses coéquipiers, comme sur cette action où il emmenait trois Nigérians avant de décaler Tevez, qui rate sa frappe (51'). Dès la 4e minute, il avait donné le ton en mettant trois joueurs dans le vent sur l'aile gauche pour délivrer un caviar pour Higuain, qui le gâche. Et pourtant, le Barcelonais ne boycottait pas le Madrilène, bien au contraire ! Messie a multiplié les caviars comme on multiplie les petits pains pour son coéquipier (56', 66', 69'), qui les a tous mis à la poubelle. Messie lui-même n'a pas connu un meilleur réalisme dans ses tentatives. Témoin, ce duel perdu seul face au très bon gardien nigérian, Enyeama (82). «Des joueurs comme Leo Messie, Pipita Higuain et d'autres ont marqué 60 buts durant l'année et aujourd'hui on aurait dit qu'ils ne voyaient pas les cages», a d'ailleurs persiflé Maradona. Manque de réalisme aussi sur enroulés, le gardien nigérian ne s'y est pas laissé prendre. Unique rempart, ou presque, devant la folle geste «messique».