La Turquie, comme tous les pays respectueux du droit international d'ailleurs, n'a pas confiance dans le fait qu'une commission d'enquête formée par Israël sur le raid meurtrier israélien contre la flottille d'aide à Ghaza conduira à une enquête impartiale, a déclaré hier, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. «Nous n'avons pas du tout confiance dans le fait qu'Israël, un pays qui a perpétré une telle attaque sur un convoi civil dans les eaux internationales, mènera une enquête impartiale», a déclaré le ministre à la presse. La Turquie insiste sur la création d'une commission d'enquête «sous le contrôle direct des Nations unies [...], une enquête impartiale avec la participation de la Turquie et d'Israël», concernant le raid du 31 mai au cours duquel neuf Turcs, dont un Turco-Américain ont été tués. En effet, la commission interne approuvée par les Etats-Unis, ne peut constituer aucune inquiétude pour l'Etat sioniste. Composée de juristes conservateurs d'âge avancé, d'observateurs étrangers sans droit de vote et dépourvue de mandat pour interroger les soldats, la commission d'enquête d'Israël sur l'attaque meurtrière du 31 mai n'a rien pour inquiéter les autorités israéliennes. La mise en place de cette «commission publique indépendante» répond à deux impératifs, a expliqué hier le Premier ministre de l'entité sioniste Benyamin Netanyahu, dont la composante de cette commission constitue une réelle victoire, «préserver la liberté d'action de nos soldats et prouver que nos actions étaient de caractère défensif et donc justifiées» sur le plan du droit international. M. Netanyahu a confirmé que ladite commission ne pourrait interroger directement les militaires impliqués, à l'exception du chef d'état-major Gaby Ashkénazi. Qu'ils approuvent ou critiquent la création de la commission, les médias étrangers estiment tous qu'elle est destinée à justifier a posteriori l'interception de la flottille humanitaire internationale en route pour Gaza le 31 mai qui a fait 9 morts civils et des dizaines de blessés. «Il est bien évident que cette commission est à usage externe. Son but n'est pas d'enquêter ni d'examiner le bien-fondé des décisions de l'échelon politique ou militaire», estime le quotidien israélien à grand tirage Yediot Aharonot qui ironise sur l'âge vénérable de ses membres israéliens. Son président, le juge en retraite de la Cour suprême israélienne, Yaakov Tirkel, 75 ans, a une réputation de juriste conservateur, indépendant d'esprit, qui, avant même sa nomination, s'est publiquement prononcé contre toute idée de sanctions. Les autorités israéliennes ont catégoriquement rejeté le principe d'une mission d'enquête internationale. Elles ont cependant accepté une «présence internationale» afin d'éviter de se retrouver mises en accusation, comme après la publication l'an dernier du rapport du juge sud-africain Richard Goldstone, mandaté par l'ONU. G. H.