L'étau se resserre autour d'Israël qui tente d'éviter une enquête internationale sur l'assaut meurtrier contre une flottille humanitaire alors que de plus en plus de voix exigent une telle enquête. Quatre militants palestiniens ont été tués hier par Israël à Ghaza, au moment où le gouvernement Netanyahu se débat face aux pressions internationales, une semaine après son raid meurtrier contre une flottille d'aide pour le territoire. Le dernier groupe -cinq Irlandais - des 19 membres du cargo humanitaire irlandais Rachel Corrie, qui ont tenté de forcer le blocus israélien de Ghaza, avant d'être arraisonnés samedi sans violence, a été expulsé hier matin, a par ailleurs indiqué le service israélien de l'immigration. Sur le plan politique, les sept principaux ministres du gouvernement de Benjamin Netanyahu ont discuté de l'attitude à adopter face aux pressions de plus en plus insistantes pour une commission d'enquête internationale sur le raid contre la flottille, qui a coûté la vie à neuf Turcs le 31 mai. Ils envisageraient la création d'une «commission de vérification» sur les circonstances de cet abordage sanglant et sur les aspects légaux de la poursuite du blocus de Ghaza au regard du droit international, commission à laquelle pourraient participer des observateurs étrangers, selon la radio publique. Aucune décision officielle n'a été prise. Les chefs de la diplomatie française et britannique, Bernard Kouchner et William Hague, ont insisté dimanche sur la nécessité d'une enquête avec une composante «internationale», alors que les responsables israéliens plaident plutôt pour une enquête interne. La France a proposé que l'Union européenne assure le contrôle des navires de marchandises à destination de Ghaza, a indiqué M.Kouchner, les deux ministres estimant toutefois nécessaire de s'assurer qu'ils ne transportent pas d'armes. La Turquie, qui a pris des sanctions diplomatiques contre Israël à la suite du raid, exclut une normalisation des relations si le gouvernement israélien n'acceptait pas une commission d'enquête indépendante de l'ONU, a prévenu le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. Il s'exprimait à Istanbul à l'occasion d'un sommet sur la sécurité en Asie, au cours duquel la question du raid israélien doit être abordée, en présence notamment des présidents iranien Mahmoud Ahmadinejad, syrien Bachar al-Assad, et de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. En Iran, pays qui ne reconnaît pas Israël, le Croissant-Rouge a annoncé son intention d'envoyer trois bateaux et un avion chargés d'aide humanitaire vers la bande de Ghaza, l'avion étant censé passer par l'Egypte. Les Gardiens de la révolution (Pasdaran), avaient indiqué dimanche qu'ils étaient prêts à escorter des flottilles d'aide destinée à Ghaza. A Ghaza, quatre membres présumés des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, un groupe armé lié au Fatah ont été tués par l'armée israélienne à une centaine de mètres au large du territoire. Selon des témoins palestiniens, leur bateau a été attaqué par des vedettes et des hélicoptères israéliens au large du camp de réfugiés de Nousseïrat, au sud de la ville de Ghaza, vers 04h00 (01h00 GMT). Quatre corps revêtus de combinaison de plongée ont été repêchés et transportés dans une morgue de Ghaza. L'armée israélienne a confirmé qu'une patrouille de marine avait repéré une embarcation avec à bord «un groupe de terroristes qui portaient des combinaisons de plongée en route pour commettre une attaque terroriste», sans préciser l'objectif. Un chef des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, qui a affirmé avoir survécu aux tirs israéliens, a expliqué qu'il s'agissait d'un entraînement et non d'une opération. «Nous étions un groupe des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa en cours d'entraînement habituel sur la côte de Ghaza. A l'aube, nous avons été surpris par des dizaines de navires militaires israéliens qui ont ouvert le feu sur nous et nous ont bombardés», a indiqué ce chef, qui s'est présenté sous le nom d'Abou al-Walid. «Quatre d'entre nous ont été tués, deux ont échappé à cette tentative d'assassinat et un est toujours manquant», a-t-il ajouté. Dans le nord du territoire, un Palestinien armé a été légèrement blessé par une frappe de l'armée israélienne, selon laquelle l'attaque «visait un groupe de terroristes qui s'apprêtaient à tirer des roquettes sur Israël».