Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Le conflit opposant le syndicat d'entreprise du complexe sidérurgique ArcelorMittal d'El Hadjar n'est pas près de trouver une issue au vu des derniers développements de la situation, développements qui risquent d'influer négativement sur le cours des événements. En effet, après la tenue de l'assemblée générale avec la levée de boucliers de dizaines d'ouvriers mécontents soutenus en partie par des membres du CP (voir la Tribune du 12 juin) et la lettre de la direction générale adressée aux personnels de l'entreprise, voilà que cette même direction tente de couper l'herbe sous le pied au syndicat en proposant officieusement aux candidats à la retraite anticipée un pécule de départ volontaire assez alléchant et qui est de l'ordre de 3 millions de dinars pour tout employé administratif ou technico-administratif qui voudrait profiter de cette offre. Déjà cette information qui a circulé hier et lundi dernier au niveau des ateliers et des unités de l'usine a fait fureur et a donné matière à réfléchir à des centaines de travailleurs à quelques années de la retraite et qui veulent saisir cette chance. Une manière de disperser les rangs des travailleurs dont l'unité est déjà mise à mal par un mécontentement et un ras-le-bol qui commence à gagner des dizaines d'entre eux qui ne veulent pas suivre le mot d'ordre de grève, lequel prendra effet à partir du 21 du mois en cours. Selon nos informations, la lettre du directeur du complexe, M. Vincent Legouic, proposant un calendrier de négociations sur les salaires et expliquant la situation que traverse le complexe tout en mettant l'accent sur le fait que, si un mouvement de grève était déclenché, la situation empirerait aussi bien pour les travailleurs que pour le complexe, ce qui mettrait en danger les quelque 7 000 emplois a été bien comprise par une partie des travailleurs qui veut montrer son désaccord avec la démarche de leur syndicat qui consiste à recourir automatiquement à la grève comme seul moyen pour arriver à satisfaire les revendications des personnels dont il se fait le porte-parole. Sur un autre plan, nous avons appris hier de source sûre que, malgré le dépôt du préavis de grève générale et illimitée qui court à partir du 13 du mois en cours, M. Daniel Atlan, premier responsable des travailleurs en tant que directeur des ressources humaines au niveau du complexe sidérurgique, est parti en congé, une manière de faire comprendre aux futurs grévistes que le mouvement ne l'intéresse pas et ne change en rien son calendrier personnel. Autre élément provocateur, M. Vincent Legouic, lui-même, devait partir en congé le 17 juin, abandonnant ainsi la gestion du complexe et de la grève qui pointe à un intérimaire, lequel certainement n'aurait pas eu le pouvoir de décision en pareille situation. Heureusement, le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements l'a convoqué pour aujourd'hui mercredi à une réunion pour étudier la question de l'application de la convention des branches. D'un autre côté, la Centrale syndicale UGTA a pris les devants en dépêchant M. Rachid Aït Ali, le directeur de cabinet de M. Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA pour officiellement «assister» le syndicat ArcelorMittal dans la gestion du conflit l'opposant à la direction du complexe. Nous croyons savoir que la Centrale syndicale, voyant la crise se prolonger et prendre de l'ampleur surtout avec le nombre d'ouvriers mécontents, a voulu elle-même prendre les choses en main pour préserver l'unité des travailleurs et ainsi garder son hégémonie syndicale sur ce complexe qui va de tourmente en tourmente.