l'Algérie se classe en cinquième position dans le monde arabe en nombre de victimes. «L'accident de la route n'est pas une fatalité» est le message fort choisi par la Direction de la Santé et de la Population de la wilaya d'Alger pour célébrer, à la salle Ibn Khaldoun, la Journée mondiale de la santé. Tous les acteurs de la prévention routière étaient là pour alerter, encore une fois, l'opinion publique sur les accidents de la route devenus, désormais, la préoccupation majeure de la santé publique. Laissons d'abord ce tristement nouveau chiffre s'exprimer de lui-même. 230 tués et 5 236 blessés pour ce premier trimestre dans les zones urbaines. Sans rappeler le bilan macabre de 2003 où 4343 sont morts à cause de ce cimetière roulant qu'est le véhicule. La cause principale demeure la bêtise humaine. Ainsi, 88,92% des accidents sont dus au non-respect des règles de la circulation, suivis, de loin, par 07,07 % qui sont dus à l'état des routes et à l'environnement. La wilaya la plus frappée par ce fléau des temps modernes est Alger en raison de la densité du parc automobile. En effet, une lutte implacable est enclenchée par la sûreté de la wilaya pour atténuer les conséquences dramatiques du fou au volant. 3 radars sont opérationnels depuis fin 2002 en vue de détecter les cas d'excès de vitesse. Selon le chef du bureau de la prévention routière d'Alger, une moyenne de 1000 cas d'excès de vitesse sont repérés par mois. Dans ce contexte, le conducteur est sommé de payer une amende de 1500 dinars si la vitesse dépasse les 80 kilomètres à l'heure. Toutefois, notre interlocuteur estime qu'il est temps de mettre en place une réglementation plus dissuasive et que les collectivités locales contribuent dans cette bataille en installant des plaques de signalisation et en aménageant des parkings. Pour sa part, le délégué du wali d'Alger suggère l'enseignement de la prévention routière en 1ère année secondaire où les jeunes commencent à penser au permis de conduire et à la voiture. Dans le même volet, un gendarme souligne que le nombre d'accidents est plus important dans les zones rurales qu'urbaines. En fait, la gendarmerie couvre, selon lui, 80 % du réseau routier. Le même interlocuteur relève que les accidents survenus sur les autoroutes sont les plus graves. D'après le même gendarme, 28 wilayas du Nord sont contrôlées par 12 radars de détection. Cependant, ce chiffre reste insuffisant. De son côté, le DG du Centre national de la prévention et de la sécurité routière, M.Boutalbi, déclare que l'Algérie se classe en 5e position dans le monde arabe en nombre de victimes. Toujours à titre de comparaison, il indique que la procédure des poursuites contre les contrevenants reste inefficace en Algérie alors qu'en France il est obligatoire de mettre la ceinture de sécurité même pour les sièges de l'arrière. Pour pallier ces insuffisances, M.Boutalbi suggère la mise en place de tribunaux pour les infractions ainsi que le retrait du permis de conduire jusqu'au payement de l'amende. Plus explicite est M.Touati, du même centre, qui parle carrément de dysfonctionnement dans l'application des textes. Poursuivant son constat amer, Touati avoue que cette lacune a débouché sur une situation d'impunité dont bénéficient les chauffards. Chiffres à l'appui, notre interlocuteur révèle que 80 % des contraventions ne sont pas payées. En guise de solution, il recommande de revoir le dispositif judiciaire et de l'adapter aux nouvelles données. D'autre part, M. Naïli, de la Dgsn, avoue que la loi 01/14 signée en août 2001 n'autorise pas les services de sécurité à obliger les contrevenants à payer leurs procès. Ainsi, il appelle à mobiliser tous les moyens matériels et humains et à revoir la législation en vigueur. Par ailleurs, madame Boubergout, présidente de l'Association nationale de soutien aux handicapés, annonce que pas moins de 6000 personnes sont devenues des handicapés à vie. Après quoi, elle demande aux autorités de frapper fort et d'appliquer la loi sans état d'âme. Dans la même optique, elle milite pour une politique sociale qui accompagnerait cette couche sociale dans la vie active.