Ce qui s'est passé au large de Ghaza le 31 mai, est inacceptable. C'est ce que se sont accordées à dire toutes les puissances occidentales. Le courroux qu'a suscité l'assassinat de militants des droits de l'Homme désarmés en haute mer, la piraterie à laquelle s'est adonnée l'armée sioniste, n'a pas duré longtemps. Il a suffi que le gouvernement extrémiste de Benyamin Netanyahu annonce que le blocus sur Ghaza sera allégé pour que l'Etat sioniste retrouve les louanges de ses alliés de toujours. La souffrance des habitants de Ghaza redevient, du coup, plus tolérable. Israël ne sera plus regardé d'un mauvais œil puisqu'il a décidé que l'aide humanitaire pourra, désormais, être distribuée sans entrave dans tout Ghaza. En effet, l'Etat hébreu a confirmé dimanche dernier la levée de l'embargo terrestre sur les marchandises civiles à destination de la bande de Ghaza. Les matériaux de construction sont autorisés, mais uniquement pour les projets validés par l'Autorité palestinienne basée en Cisjordanie. En revanche, tous les bateaux à destination du territoire palestinien devront passer par le port israélien d'Ashdod pour un contrôle du chargement, dit-on, qui a pour objectif de s'assurer qu'il n'y aurait pas d'armes à bord. Le gouvernement israélien a donc annoncé la mise en place de nouvelles procédures qui permettront d'alléger le blocus de la bande de Ghaza, où tous types de biens pourront, toujours selon ses dires, être importés à brève échéance, à l'exception des armes et des matériaux qui permettent d'en fabriquer. Rien n'a été dit sur le carburant. Les services du Premier ministre Benyamin Netanyahu précisent dans leur communiqué qu'une liste des produits interdits sera publiée rapidement et soulignent que tous ceux qui ne s'y trouvent pas pourront être importés dans l'enclave palestinienne sous embargo illégal depuis 2005. Les nouvelles procédures en question autorisent notamment la livraison de matériaux de construction dans le cadre de projets supervisés par des organisations internationales et prévoient un accroissement de la quantité des biens qui transitent par les points de passage israéliens. Israël se réserve cependant le droit d'interdire des matériaux qui pourraient être utilisés par le Hamas pour la fabrication d'armes et la reconstitution d'installations militaires, ajoute le communiqué. Les autorités israéliennes prévoient également d'intensifier leurs opérations aux points de passage contrôlés par l'armée pour permettre l'entrée dans Ghaza de divers biens. Le gouvernement ajoute qu'il envisagera l'ouverture de nouveaux points de passage si le calme persiste à la frontière. Ce qui laisse toujours Israël seul appréciateur de ce qui est nécessaire et de ce qui ne l'est pas pour une population qu'il martyrise depuis plus de 60 ans. Les alliés des sionistes plus à l'aise Comme attendu, la présidence américaine s'est félicitée, comme toujours d'ailleurs, de la décision israélienne et a annoncé que Barack Obama recevrait Benyamin Netanyahu le 6 juillet à la Maison-Blanche pour discuter de «mesures supplémentaires». Ce dernier qui devait être reçu le premier juin par le président américain a dû rentrer directement du Canada après le carnage dont s'est rendue coupable son armée le 31 mai dernier. «Nous sommes convaincus que la mise en œuvre de la politique annoncée aujourd'hui par le gouvernement israélien permettra d'améliorer la vie du peuple de Ghaza, et nous continuerons à soutenir cet effort qui va de l'avant», a déclaré le porte-parole du président Obama, Robert Gibbs. Même son de cloche côtés anglais et français. La décision israélienne a, également, réjoui Tony Blair, le porte-parole du quartette pour le Proche-Orient. Celui-ci s'est entretenu de suite avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu. Ce dernier lui a détaillé ces mesures en compagnie de l'émissaire du «quartette» pour le Proche-Orient qui a, d'ores et déjà, estimé que la meilleure réponse que pourrait faire le Hamas aux mesures israéliennes serait de cesser ses attaques contre l'Etat juif et de libérer le militaire franco-israélien Gilad Shalit, capturé à la frontière entre Israël et Ghaza il y a de cela quatre ans. Qui mieux placé que le Hamas, qui gère ce territoire soumis depuis sa victoire dans les élections législatives, pourrait juger de la portée de l'annonce israélienne ? Mieux que n'importe qui le Hamas sait que Ghaza n'est pas loin de la crise humanitaire. La population de cette bande soumise à un embargo barbare risque de connaître des jours plus éprouvants que tous ceux qu'elle a connus à ce jour. Insuffisant, pour les Palestiniens Le Hamas, qui qualifie ce prétendu allègement, d'insuffisant, estime, et à juste titre, que les mesures israéliennes ne sont qu'un leurre. «C'est une tentative de contourner la levée totale du siège de Ghaza. C'est une tentative qui vise à faire baisser la pression et la colère populaire des musulmans et des Arabes, mais aussi des gens libres de par le monde qui appellent à une levée de ce siège sur Ghaza», a affirmé le porte-parole du Hamas, Ismail Radwane. Le territoire palestinien est soumis depuis la prise de pouvoir du Hamas, en juin 2007, à un blocus sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Le million et demi de Palestiniens assiégés à Ghaza risquent, au fil des jours, de mourir de faim et de manque de médicaments. Le Hamas estime également que cet allègement du blocus ne répondait pas aux exigences de la communauté internationale, et a réitéré sa demande d'une levée totale du blocus. «Le Hamas rejette cette décision. Il s'agit d'une tentative pour atténuer la colère internationale provoquée par le blocus de la bande de Ghaza», a encore déclaré aux agences de presse internationales Ismaïl Radwane. Une chose est sûre. La communauté internationale s'est contentée aujourd'hui de l'assouplissement prétendu du blocus mais ne parle plus de la nécessité de relancer, au plus vite, le processus de paix au Proche-Orient. L'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, doit se rendre à nouveau dans la région la semaine prochaine, mais les perspectives de son voyage semblent toujours assombries par cette crise. Le président américain Barack Obama, qui a reçu mercredi dernier M. Abbas à la Maison- Blanche, a pourtant fait preuve d'optimisme, estimant que des «progrès significatifs» étaient possibles au Proche-Orient d'ici à la fin 2010 et promettant que les Etats-Unis pèseraient «de tout leur poids» pour faire sortir le processus de paix de «l'impasse». Le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a déclaré de son côté, le même jour que M. Abbas était venu aux Etats-Unis avec comme message la nécessité urgente de progresser dans ces discussions. «Le temps est crucial, c'est son message, nous avons besoin de voir une avancée réelle vers une solution à deux Etats et la fin de l'occupation», a-t-il dit. G. H.