Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Jusqu'à aujourd'hui, la culture et le commerce ne font pas vraiment bon ménage en Algérie. Du moins pas avec l'intensité que l'on peut imaginer entre deux activités qui se complètent parfaitement et qui font les beaux jours de nos voisins. Pourtant, l'activité culturelle est riche et diversifiée dans notre pays et si ce n'est la morosité que connaît le secteur du tourisme, elle serait l'une des principales sources de devises pour l'Algérie. Le retard de l'activité touristique chez nous ne peut être sans conséquences sur l'activité culturelle et artisanale qui arrive à survivre tant bien que mal grâce au tourisme national et aux visites de la communauté algérienne établie à l'étranger. Certaines wilayas sont touchées plus que d'autres par ce problème, surtout celles où l'activité culturelle est importante. Tizi Ouzou en fait partie, car l'artisanat kabyle avec sa poterie, son bijou et son tapis a acquis une notoriété qui a débordé de la Kabylie. Certains échanges entre associations culturelles algériennes et européennes l'ont fait connaître dans certains pays européens qui ne manquent pas d'éloges pour l'artisanat kabyle. Les fêtes du bijou d'Ath Yenni et du tapis d'Ath Hichem ainsi que la relance de la fête de la poterie de Maatkas restent toujours insuffisantes au regard de l'importance de la clientèle qu'elles pourraient drainer si l'environnement était favorable. La mobilisation des élus locaux pour perpétuer ces manifestations culturelles auxquelles une vocation économique et commerciale a été greffée, n'a pas donné les résultats qu'on attendait d'autant plus que les autorités locales s'impliquent dans l'organisation de ces manifestations exclusivement pour réussir un coup commercial, histoire de faire connaître le produit artisanal local et mettre en exergue le caractère économique et commercial des événements. «Le problème principal de l'activité artisanale est sa commercialisation, c'est-à-dire l'absence d'une clientèle comme cela se passe dans les pays voisins», dit avec une certaine amertume un jeune artisan en poterie dont les clients sont généralement des Algériens établis en France ou résidant en Algérie qui achètent les produits artisanaux pour les offrir pendant un séjour dans un pays étranger. Pour notre interlocuteur, la comparaison avec les pays voisins est inévitable «tellement la qualité de nos produits artisanaux est bien meilleure que ce soit dans la bijouterie, la poterie ou la tapisserie alors que leurs produits se vendent très bien tellement le flux touristique chez eux est très important». En clair, même les artisans attendent le développement du secteur du tourisme pour leur assurer que leur métier ne mourra pas surtout qu'ils ne semblent pas désespérés puisque comptant actuellement des centaines de jeunes artisans qui ne demandent qu'à croire en de jours meilleurs pour leur avenir et celui de leur activité ancestrale. «On enregistre parfois des visites organisées de touristes étrangers dans les différents villages d'Ath Yenni. Cela nous aide beaucoup dans la commercialisation de nos bijoux et montre surtout qu'un tourisme de masse dans la région la sortira de sa pauvreté et de son quasi-enclavement», affirme un jeune artisan issu d'une très ancienne famille de bijoutiers. Mais cela reste insuffisant pour une activité qui a enregistré ces dernières années une hausse sensible du nombre d'artisans, en majorité des jeunes, ajoute notre interlocuteur. Pratiquement tous les artisans interrogés partagent cet avis et ne manquent pas de rappeler que l'Algérie n'en sortira que gagnante du développement du tourisme. Quelque chose coince dans la mise en œuvre d'une politique de développement de ce secteur dans notre pays malgré toutes les volontés et les programmes initiés par les pouvoirs publics. Il s'agit de savoir où se situe ce blocage et mener les projets à bon port pour qu'enfin le commerce et la culture apprennent à rimer au sens propre du terme.