Tout le monde est unanime à le dire, Raïs Ouahab M'bolhi a été la grande révélation algérienne du Mondial sud-africain. Gardien des buts du lointain club bulgare Slavia Sofia, ce jeune de 24 ans était inconnu du grand public algérien (mais pas des spécialistes du football puisqu'il était déjà convoité par Manchester United avant d'être convoqué en sélection) jusqu'à ce mémorable Algérie-Angleterre qui l'a révélé à des Algériens stupéfiés par tant de classe et de talent : «Nous avons gagné un grand gardien de but», s'est enorgueilli Rabah Saadane, à l'issue de cette rencontre, exprimant ainsi un avis partagé par tous (les médias ont été dithyrambiques) et qui allait être largement confirmé, cinq jours plus tard, par la prestation éblouissante de M'bolhi face aux Etats-Unis. Mais si le brillant portier de Slavia Sofia (gageons qu'il ne tardera pas à rejoindre très vite un championnat beaucoup plus prestigieux) a concentré l'attention, les spécialistes comme les observateurs du football attirent également l'attention sur les performances d'autres jeunes talents, eux aussi quasi inconnus du public algérien avant ce Mondial. On évoque évidemment Fouad Kadir, jeune latéral droit qui a rejoint les rangs de la sélection quelque temps avant l'aventure sud-africaine, Ryad Boudebouz qui a aussi eu l'occasion d'exprimer sur le terrain toutes ses qualités ou encore Adlene Guedioura et Djamel Mesbah que l'on a vus furtivement. Pour beaucoup, l'apparition de ces joueurs démontre une fois de plus que les malheurs du football algérien -comme de toutes les autres disciplines- résident notamment dans l'absence d'une prospection profonde (dans les coins les plus reculés du pays et à l'étranger) et d'une politique de formation de longue haleine. Si ces deux aspects avaient été pris en charge plus tôt, non seulement l'équipe nationale se serait mieux comportée en Coupe du monde (par exemple, grâce à l'apport précieux d'un ou deux avants-centres de métier) mais nous disposerions également d'un réservoir de talents qui permettraient à l'Algérie de prendre part à toutes les manifestations sportives et d'y être bien représentée. Aujourd'hui que la fièvre du Mondial est retombée et que l'heure du bilan a sonné, il est vital que toutes les parties concernées par le football -la jeunesse et les sports en général- mettent à profit la dynamique enclenchée par les prestations plus que méritoires des Verts à la CAN et au Mondial 2010 (notamment l'engouement sans précédent pour les couleurs nationales et l'intérêt manifesté par la catégorie jeunes pour le football) pour remettre de l'ordre dans un secteur sportif toujours aussi anarchique. Le football étant, comme tout le monde le sait, le sport roi en Algérie, il serait bon qu'il donne l'exemple et prenne la tête d'une remise en question incontournable si l'on veut éviter un retour au néant et ouvrir la voie aux autres disciplines sportives. Ces deux dernières années, les Algériens ont découvert des joueurs de talent international dont ils soupçonnaient l'existence mais que, malheureusement, jamais aucune politique de prospection n'était allée chercher auparavant. On peut se poser la question de savoir combien de talents ont été gâchés depuis la fameuse Coupe d'Afrique des nations gagnée à domicile en 1990 ; mais il paraît plus important de s'attarder sur les «pertes humaines» que l'Algérie pourrait subir si l'enthousiasme et la dynamique qui ont entouré le parcours de la sélection nationale de football ces deux dernières années ne sont pas exploités. Il y a là une opportunité exceptionnelle pour rester -ou se hisser- parmi les meilleurs de la planète sport. Une chance unique à ne pas rater. S. O. A.