A El Oued, les premières dattes de la saison agricole, appelées localement «ratb» ou «bsser» (datte précoce), fait l'essentiel du menu gastronomique en cette période de grandes chaleurs. Connues également dans d'autres régions sous les appellations «m'naguer», «bakour» ou «bleh», ces primeurs de dattes, qui ont fait leur apparition encore plus prématurément cette saison en raison de la grande vague de chaleur qui sévit depuis la mi-juillet, sont sur les étals improvisés de différents points de vente, marchés, épiceries de fortune ou carrément dans la rue. Ces fruits, dont la cueillette se fait généralement tôt le matin pour préserver les régimes du dessèchement, sont proposés actuellement à des prix oscillant entre 100 et 200 DA le kg, selon la qualité, après avoir franchi, au tout début, le seuil des 400 DA, rapporte l'APS. Selon plusieurs marchands de primeurs, la tendance est à la baisse des prix du fait de l'importance des quantités cueillies et déjà exposées, pour atteindre les 40-60 DA par kilogramme dans les prochains jours. Ce fruit de taille moyenne, mielleux, aux reflets mordorés, moitié mûr, moitié âpre encore jaunâtre, est collecté de différentes palmeraies. Il ne peut pas être vendu à grande échelle dans les régions du nord du pays car il est très vulnérable aux fluctuations climatiques et pourrit vite lorsqu'il ne trouve pas les conditions adéquates de conservation. De nombreux ménages de la wilaya d'El Oued optent volontiers, face à l'importance de l'offre et la relative modicité des prix, pour ce plat frugal et hautement riche en protéines, assorti de coupes de lait de chèvre, pour bien se rassasier et étancher sa soif dans ces régions désertiques. Cheikh El Hadi Lobza, un sage bien connu d'El Oued, se rappelle que ce fruit a de tout temps constitué le plat prédominant sur les mets cuits, et a toujours représenté la meilleure offrande qu'on puisse faire à un être cher pendant les dures journées de l'été saharien. R. N.