Disciple et enfant spirituel de Frantz Fanon, le romancier et essayiste ghanéen Ayi Kwei Armah s'est distingué non seulement par la qualité de ses ouvrages mais aussi par sa condamnation des dépassements, autoritarismes et injustice dont se sont rendus coupables les gouvernements africains après les indépendances de leurs pays. Il a même réussi à ressusciter une période d'espoir intense. Alignant des écrits fracassants, cet auteur suscite à chaque fois de violentes réactions et des critiques. Sa force est dans l'intérêt qu'il porte à l'identité africaine et à la situation du continent noir. Il n'hésite pas à dénoncer la corruption et le matérialisme qui caractérisent l'Afrique actuelle. Il met également l'accent sur «le gouffre moral et spirituel qui existe entre l'apparence et la réalité, l'esprit et la substance, le passé et le présent». Aujourd'hui, l'écrivain militant participe à la consolidation du Fonds pour les écrivains africains créé avec l'aide de la Fondation Ford. Ce fonds aspire à améliorer les conditions de vie des écrivains africains en leur offrant une assurance maladie, des bourses et des séjours de neuf mois à Persesh. Conscient du rôle majeur des poètes et auteurs africains dans l'émancipation du continent et la valorisation de sa culture, ce fonds représente un véritable tremplin pour les hommes de lettres. Panafricain dans l'âme, Ayi Kwei Armah dirige le centre d'accueil des écrivains que le fonds a ouvert au Sénégal. Parmi les ouvrages marquants d'Ayi Kwei Armah, on peut citer L'âge d'or n'est pas pour demain, traduit en anglais. Cet ouvrage est considéré comme un roman philosophique mais qui s'inscrit également dans le contexte de roman postcolonial. Né au Ghana en 1939, Ayi Kwei Armah a vécu la première indépendance de l'Afrique coloniale… celle de son pays. Deux ans plus tard, l'auteur en herbe s'envole pour les Etats-Unis où il rejoindra la Gorton School. Il fera par la suite des études à la prestigieuse université de Harvard où il obtient son diplôme en sociologie. Durant cette période, le jeune Ghanéen collabore à la revue Harvard avocats avant de venir s'installer en Algérie où il travaillera en tant que traducteur pour la revue Révolution africaine. De retour dans son pays natal, il occupera le poste de scénariste pour la télévision et celui d'enseignant. Mais Ayi Kwei Armah a le cœur gros et se réfugie dans l'écriture. Il signera de nombreux ouvrages dont on citera Fragment sorti en 1970, Pourquoi sommes-nous si bénis en 1972, Deux cents saisons en 1973, les Guérisseurs en 2000, KMT : dans la maison de la vie en 2002. Vivant en reclus et se refusant à la vie extérieure, l'auteur s'engage aujourd'hui pour l'amélioration de la situation de l'Afrique en général et des auteurs africains en particulier. Fier de son appartenance et de son africanité, de sa culture et de son identité, l'auteur réclame l'adoption du swahili comme langue continentale. W. S.