«L'Iran dispose de suffisamment d'uranium enrichi pour fabriquer deux armes nucléaires et il peut mettre au point ce genre d'armes s'il le voulait», a déclaré il y a trois jours le chef de la CIA, Leon Panetta, à des médias américains. Cette déclaration n'a pas manqué de susciter la désapprobation et la réaction de Téhéran, lequel n'en finit plus d'être au cœur d'une campagne soutenue et acharnée menée par les Américains pour le faire plier et le faire renoncer à son programme nucléaire. C'est ainsi que, le 9 juin dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une nouvelle résolution prévoyant de nouvelles sanctions à l'encontre de l'Iran en raison de son refus de suspendre ses activités nucléaires. Téhéran se défend de faire usage du nucléaire à des fins autres que civiles et pacifiques. Depuis plusieurs mois, la communauté internationale assiste à une véritable cabale politique et diplomatique pour faire adhérer le plus grand nombre de puissances occidentales à la cause de l'Oncle Sam, consistant à isoler l'Iran sur la scène internationale à travers des sanctions censées l'amener à abdiquer. Ce nouveau «front» de bataille ouvert par les Etats-Unis d'Amérique n'est pas sans nous rappeler toute l'agitation qui avait précédé, préparé et tenté de justifier l'invasion de l'Irak en mars 2003. Au nom d'une nouvelle ère de liberté et de démocratie, les Irakiens ont été aux prises avec une rare violence qui continue encore de semer la mort au pays du Tigre et de l'Euphrate ; ils assistent, aujourd'hui, impuissants, à une crise politique et à une instabilité chronique de leur Etat, si bien que certains ont regretté l'époque de Saddam arguant que le peuple ne jouissait certes pas de liberté de dire et d'agir, mais il était à l'abri d'une telle spirale de terreur. Cela restant un avis façonné par la contrainte d'une conjoncture désespérante, il est évident que nul ne peut approuver la dictature et l'autoritarisme avec lesquels le défunt dirigeant irakien avait gouverné son pays et la main de fer avec laquelle il avait étouffé toutes les velléités d'opposition et d'activisme politiques. Néanmoins, les Américains ont su manipuler cette situation en leur faveur pour faire accepter aux Irakiens leur entrée au pays en brandissant l'arme nucléaire qui faisait de Saddam Hussein le danger planétaire à abattre ; les faits ont démontré par la suite la futilité de cette thèse. Aujourd'hui, c'est son voisin, l'Iran, qui représente la menace suprême, et d'aucuns s'interrogent sur l'épilogue de l'acharnement américain qui, tout comme pour l'Irak, n'hésite pas à surfer sur la carte de la nature du régime chiite. Il est à se demander pourquoi les Etats-Unis ne sont pas aussi prompts avec Israël pour contraindre cet occupant à se plier à la légalité internationale. L'impunité dont il jouit lui permet de pérenniser ses crimes contre l'humanité à l'égard des Palestiniens et de menacer réellement la paix dans la région du Proche-Orient. Mais aux yeux de Washington, Israël ne mérite pas de figurer sur la liste des pays qu'il a ingénieusement qualifiés d'«axe du mal». A moins que les «valeurs» que l'administration américaine prétend défendre ne soient pas si «universelles» que cela ! M. C.