«Ke Nako !», autrement dit «il est temps !» dans la langue maternelle de l'ancien président sud-africain, Neslon Mandela, qui a exprimé hier sa satisfaction de voir la Coupe du monde de football atterrir pour la première fois dans l'histoire de cette prestigieuse compétition universelle en terre d'Afrique. «Le peuple africain a appris la leçon de la patience et de l'endurance dans sa longue lutte pour la liberté. J'espère que la réponse matérialisée par cette Coupe du monde de la FIFA prouvera qu'elle méritait que nous attendions son arrivée pendant tout ce temps. Ke Nako !». C'est en ces termes que s'est donc adressé, hier, depuis la ville de Cap Town, en Afrique du Sud, où s'est déroulée la cérémonie du tirage au sort des 32 équipes en lice, le charismatique ex-chef d'Etat à l'assistance conviée à l'événement, et à tous les téléspectateurs du monde entier. Aujourd'hui âgé de 91 ans, il était évident qu'il devait marquer celui-ci de sa légendaire présence, quand bien même cela s'est fait à partir d'un enregistrement vidéo. Celui-là même qui a pesé de toute l'aura tissée tout au long de son parcours de militant acharné pour la liberté et la justice de son peuple pour que le continent noir arrache, pour la première fois de son histoire, l'insigne privilège d'abriter la grand-messe mondiale du football. Mandela le dira en insistant sur «l'humilité» avec laquelle l'Afrique accueille ce privilège : «Nous devons tout faire pour prouver l'excellence dans notre rôle d'organisateur, tout en veillant à laisser un héritage durable à tous nos concitoyens», a ajouté le prédécesseur de Tabo M'Beki. Pour ce dernier, il ne s'agit pas uniquement de la dimension purement sportive de l'événement : «Le sport a le pouvoir d'inspirer et d'unir les gens. En Afrique, le football jouit d'une immense popularité et occupe une place à part dans le cœur des gens. Voila pourquoi il est si important que, pour la première fois de l'histoire, la Coupe du monde de la FIFA soit disputée en 2010 sur le continent africain». Le président actuel de la nation «arc-en-ciel», Jacob Zuma, a évoqué à son tour la «fierté» de son pays et de tout le continent noir d'hériter de l'organisation de cette fête mondiale, habituellement du ressort des continents plus «développés». L'intervenant ira plus loin en affichant un optimisme élevé : «Le monde va être surpris. Parce qu'à la fin de la compétition, cette coupe va rester en Afrique», a-t-il lancé, suscitant une salve d'applaudissements. «Dorénavant, nous évoquerons l'avant-2010 et l'après-2010 […]. Le monde va découvrir la chaleur, la joie, l'humilité de l'Afrique, et ses talents au football !», a-t-il ajouté. «La Coupe du monde et l'Afrique, c'est une vraie histoire d'amour» lancera, de son côté, Joseph Blatter, le président de la FIFA. Le spectacle, mondialement suivi, commence à 17 h (GMT), soit à 18 h, heure algérienne. Il est abrité par le Cape Town International Center. C'est une autre légende sud-africaine et de tout le continent noir qui ouvre le bal : Johnny Clegg, l'auteur du succès planétaire Scattertings of Africa, accompagné de danses traditionnelles pendant que des images du pays organisateur défilent sur les écrans. Des invités du monde politique et sportif notamment se distinguent : David Beckham, Roger Mila, Michel Platini, ainsi que des présidents de fédérations de football. Le ballon officiel de la Coupe du monde de la FIFA 2010 a été nommé Jabulani, ce qui veut dire «célébrer» en zoulou. Le ballon comporte 11 couleurs différentes, du nombre des joueurs qui forment chaque équipe de football. C'est également le 11e ballon officiel de l'histoire de la FIFA. Le chiffre 11 renvoie, enfin, au nombre de langues officielles reconnues en Afrique du Sud. Une splendide exposition regroupant la dizaine de ballons des précédentes éditions de la Coupe du monde de la FIFA s'est tenue en marge de la cérémonie, au grand bonheur des invités qui y ont afflué. Pour la prochaine destination de sa coupe, la FIFA a choisi Zakumi pour nommer sa mascotte officielle. Le spectacle, d'une durée d'une heure, est fait de musique, de sonorités locales exécutées, dans sa seconde partie, par un chœur de gospels dont les mélodies renvoient aux origines lointaines et aux tréfonds de la civilisation africaine. S'ensuivra le passage de la chanteuse béninoise Angélique Kidja, laquelle avait enregistré en 1996 un album de la FIFA. A 18 h (GMT), le moment fatidique arrive : celui du début du tirage au sort pris en charge par le secrétaire général de la FIFA, Jerôme Valcke, rejoint par la belle actrice sud-africaine Charlize Theron. Auparavant, Joseph Blatter avait reçu des mains du président de la Fédération italienne de football, Giancarto Abete, le trophée de la Coupe du monde 2006. Du 11 juin au 11 juillet 2010, le monde retiendra son souffle pour connaître enfin le successeur de l'Italie et le prochain détenteur du si convoité trophée. M. C.