Le conflit opposant les étudiants de l'Ecole nationale supérieure vétérinaire (ENSV) à leur directeur se durcit. Preuve en est, depuis le 23 mai dernier, l'ENSV demeure bloquée par une grève illimitée de ses étudiants. Une grève qui ne fléchit guère et ce, en dépit des interventions musclées des casques bleus, accompagnés d'un huissier de justice et d'un conseiller au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui ont tenté auparavant d'appliquer l'ordonnance prononcée par la justice suite à l'affaire introduite le 26 mai dernier par l'avocat de l'école en référé, pour mettre fin au mouvement de grève et surtout récupérer les lieux assiégés par les étudiants. Mais, c'était sans compter sur la détermination des étudiants de l'ENSV qui ont continué à résister en fermant les accès de l'école pour protester contre les agissements de leur directeur, responsable à leurs yeux de la chute libre du niveau pédagogique de leur école. Il faut dire que les conditions d'enseignement précaires et le système administratif sévère que subissent les étudiants depuis des années ont fini par provoquer en eux une vague inextinguible de révolte. «Notre calvaire remonte à l'année 2003, depuis l'arrivée de l'actuel directeur. Ce dernier ne cesse de nous persécuter par le biais de règlements élaborés à sa guise», ont dénoncé à maintes reprises les étudiants grévistes qui refusent toute concession sans le départ de ce directeur dont personne ne veut à l'ENSV. Mais à cette revendication, le département de Harraoubia ne prête pas une oreille attentive car il n'est pas question pour la commission ministérielle, mise en place depuis le début des événements pour s'enquérir sur le pourrissement de la situation à l'ENSV, de remplacer le directeur de cet établissement, l'un des plus prestigieux de notre système universitaire. En conséquence, le blocage persiste à l'ENSV et les horizons s'obscurcissent sérieusement pour les étudiants qui n'ont même pas pu soutenir et passer leurs derniers examens. «Nous ne reculerons jamais. Le 15 juillet prochain, ce sera la fin de l'année universitaire. D'ici là, nous ne permettrons pas une quelconque reprise. Aucun examen ne sera tenu dans les locaux de notre école. Nous maintenons toujours la fermeture de tous les accès. Et à partir de septembre, nous reprendrons notre grève. Tant que ce directeur est à la tête de notre école, notre mobilisation se poursuivra», expliquent les délégués des étudiants grévistes qui nous ont appris hier que pas moins de 150 étudiants ont tenté de bloquer la route menant à l'EPAU, un établissement situé juste à côté de l'ENSV, lorsqu'ils ont su que Rachid Haraoubia allait venir assister à la soutenance de sa fille dans cette école. Rumeur ou intox, personne ne le saura. En tout cas, les casques bleus n'ont pas tardé à intervenir pour obliger les étudiants à se disperser. Cet épisode est venu ainsi témoigner, une fois encore, de la colère profonde des étudiants de l'ENSV. Une exaspération et une frustration si aiguës qu'elles risquent de dégénérer à n'importe quel moment. Quoi qu'il en soit, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique est appelé à assumer ses responsabilités en dénouant cette crise une fois pour toute. Les étudiants de l'ENSV ont le droit de défendre leurs intérêts et de protéger leurs formations universitaires, clés de leur avenir professionnel. «Si on laisse notre école entre les mains de ce directeur, on se retrouvera à peine avec une centaine d'étudiants en fin de cycle. S'agissant des autres, soit, ils vont faire un transfert, soit ils abandonneront carrément parce qu'ils ne pourront plus résister à cette forme de gestion», avertissent en dernier lieu les étudiants grévistes. A. S.