La logique voudrait qu'il faille connaître le très haut niveau en short pour y réussir sur le banc. Mais le vécu n'est pas un gage de succès. Typologie des sélectionneurs. Les princes d'hier sont rarement les boss de demain. Pas évident quand on a été un joueur immense de s'abaisser au niveau de ceux dont on a la charge. Ainsi Pelé ne s'y est jamais risqué, Platini et Beckenbauer avec modération, et Zidane ne franchira probablement jamais le pas. La réussite est souvent inversement proportionnelle du talent brut du joueur. Il existe des exceptions, bien sûr, comme Johan Cruyff et son Barça, ou Beckenbauer sélectionneur champion du monde en 90. Maradona pourrait en être une en cas de succès de l'Albiceleste. Mais avouons que les anciennes gloires qui se reconvertissent sont le plus souvent des joueurs de l'ombre, des travailleurs acharnés, à la sauce Deschamps ou Blanc pour prendre l'exemple français. C'est par exemple le milieu relayeur Capello, pilier de la Squadra des 70's, Dunga, capitaine rugueux du Brésil des 90's, le libero danois Morten Olsen et ses 102 sélections. Au Mondial : Diego Maradona (Argentine), Javier Aguirre (Mexique), Huh Jung-Moo (Corée du sud), Fabio Capello (Angleterre), Morten Olsen (Danemark), Ricki Herbert (NZ), Dunga (Brésil). Ces joueurs travailleurs, anciens piliers de leurs clubs, comptent de nombreuses saisons de première division à leur actif et, en général, une poignée de capes pour couronner une carrière. Le plus connu d'entre eux est notre Raymond national, arrière droit moustachu et sécateur de Lyon dans les années 70, avec 8 sélections au compteur. Joueurs aux talents souvent limités, ils compensent par une expertise développée de leur sport (Rehhagel), un état d'esprit de battant (Le Guen), et un attachement à des couleurs qui leur permettent de se reconvertir facilement (Del Bosque au Real). Au Mondial : Raymond Domenech, Oscar Tabarez (Uruguay), Otto Rehhagel (Grèce), Matjaz Kek (Slovénie), Pim Verbeek (Australie), Radomir Antic (Serbie), Milovan Rajevac (Ghana), Bert Van Marwijk (Pays-Bas), Takashi Okada (Japon), Paul Le Guen (Cameroun), Marcello Lippi (Italie), Gerardo Martino (Paraguay), Vladimir Weiss (Slovaquie), Kim Jong Hun (enfin, on suppose, Corée du Nord), Vicente Del Bosque (Espagne). Des profs de sport, des universitaires, des jeunes joueurs à la carrière brisée ou des talents limités de deuxième ou troisième zone. Le football est plein de ces joueurs sans lustre ou simples passionnés qui, de l'extérieur, développent un œil et une science du jeu particulière, franchissent les étapes avant de coacher à haut niveau. Ainsi, Mourinho, clampin portugais devenu entraîneur de la décennie. En France, le prof d'anglais Gérard Houllier ou le gardien de Muret Elie Baup en sont des exemples bien connus. Au mondial, la caste des sans-grade devenus chefs de meute compte des spécimens en bout de course (Eriksson, Hitzfield), des pédagos en survêtements (Bielsa, Queiroz) ou des jeunes chefs d'orchestre (Joachim Low, Bob Bradley). Big up à Carlos Alberto Parreira, qui a relevé les Bafana Bafana, et qui s'est assis pour la première fois sur un banc de touche en 1967… Au Mondial : Carlos Alberto Parreira (AfSud), Lars Lagerback (Nigeria), Bob Bradley (USA), Rabah Saadane (Algérie), Joachim Low (Allemagne), Sven-Goran Eriksson (CIV), Carlos Queiroz (Portugal), Ottmar Hitzfeld (Suisse), Reinaldo Ruelda (Honduras), Marcelo Bielsa (Chili). F. M. *In slate.fr