Il aura fallu une qualification au Mondial pour que l'Algérie vibre sur des «One, two, three, viva l'Algérie». Cela faisait tellement longtemps que la patrie n'avait pas été clamée par ses enfants qui, depuis près d'une année, ont renoué avec l'amour du pays et de l'emblème. On dit bien que le football est l'opium des peuples partout dans le monde, mais, pour l'Algérie, la victoire des Verts a été plus qu'un moment de délire et d'extase. La qualification a été une renaissance de l'espoir. Au rythme du ballon rond, des millions d'Algériens, unis et solidaires derrière leur équipe, ont exprimé leur amour à la patrie. Le football a permis aux jeunes de s'approprier la victoire des Fennecs mais surtout de s'identifier à une Algérie qui gagne. Il a offert un espace d'expression tant recherché et a mis en évidence l'amour du vert, blanc, rouge. Cet amour enfoui au fond de chaque enfant d'Algérie ne pouvait que rejaillir à un moment d'exaspération de l'attitude abjecte et vile des Egyptiens qui, faut-il le rappeler, ont tenté non seulement d'usurper la victoire méritée de Bouguerra et des siens mais aussi de voler au peuple algérien son droit au bonheur. La réaction aux insultes contre l'Algérie, son histoire, ses symboles, ses martyrs et son identité ne s'est pas fait attendre. Le feu qui a brûlé l'emblème national sur le sol égyptien s'est répandu à Alger dont les enfants révoltés ont peint leur pays en blanc, vert et rouge. Des enfants qui n'avaient jamais auparavant extériorisé leur amour. A quel moment pouvaient-ils le faire, eux qui n'ont vécu qu'au rythme de la rébellion (1988), du terrorisme, des émeutes cycliques et de la harga ? Ces jeunes, auxquels il a toujours été reproché de tourner le dos à leur pays, ont démontré à la première occasion leur attachement à la mère patrie. La magie du football a permis la communion. Le renouement avec le rêve ! Jamais dans l'histoire de l'Algérie indépendante, des Algériens n'étaient sont morts de bonheur. En novembre dernier, c'est arrivé ! Jamais de mémoire d'Algérien, le pays n'avait été entièrement drapé avec les couleurs nationales. Depuis novembre dernier, toute l'Algérie est en vert, blanc, rouge. Le football a permis de réconcilier le peuple avec sa patrie… son Etat… son pouvoir. Il a permis de panser les blessures. Il a permis au drapeau de fleurir dans le terreau algérien, générant une solidarité sans précédent et un amour fédérateur extraordinaire. Face à l'agression, le sentiment patriotique a refait surface chez les jeunes. La réaction innée les a même poussés à mettre le drapeau national dans leur cœur et à crier de nouveau «bladi nebghik». Cette flamme qui s'est allumée doit être continuellement nourrie et alimentée afin de ne plus jamais s'éteindre. Aujourd'hui, jour de l'indépendance, les pouvoirs publics doivent saisir cette occasion pour démontrer leur attachement à cette jeunesse. Une jeunesse qui a accepté, il faut le rappeler, de tendre la main à son pays après une longue rupture avec ses dirigeants. S'envelopper dans le drapeau algérien est toute une symbolique. Crier fort, à s'en déchirer les tympans, son amour pour la patrie est emblématique. Avec cette attitude, la jeunesse algérienne n'a plus rien à prouver. Tout à attendre. Aux dirigeants de ce pays de comprendre l'appel des jeunes. De prendre conscience de ce cri de détresse dit avec tant d'amour. Il faut l'espérer car cela pourrait être la dernière chance offerte par une jeunesse désabusée à ses dirigeants pour renouer le dialogue, reconstruire quelque chose ensemble. L'Etat doit alors suivre la cadence donnée par cette dynamique juvénile. Il devra canaliser et capitaliser les forces de ce nouveau phénomène social. Car, aujourd'hui, l'Algérie vit une réconciliation bien autre que celle constitutionnalisée : celle-là est spontanée, volontaire et c'est là que réside la magie de cet événement. Il s'agit d'une dynamique propre qui a mis en avant le sentiment patriotique. Il faudra établir les ponts qu'il faut pour rallier l'essence d'un pays : sa jeunesse. H. Y.