Le président égyptien, Mohamed Hosni Moubarak, est venu hier à Alger presque sur la pointe des pieds. Sa virée algéroise n'avait pas été annoncée auparavant. Intervenue suite au décès du frère du président de la République, cette visite a de prime abord l'air d'une rencontre «courtoise». Pourtant, il y a quelques semaines, personne n'envisageait un tel événement. Les relations étaient tellement tendues qu'on ne pouvait envisager une rencontre entre les deux chefs d'Etat. Une entrevue protocolaire s'est déroulée à Nice, à la fin du mois de mai dernier, lors du sommet France-Afrique organisé sous les auspices de Sarkozy où les observateurs avertis avaient fortement remarqué que le chef d'Etat algérien, drapé dans une position plus que figée, n'avait esquissé le moindre pas ni vers l'un ni vers l'autre. Abdelaziz Bouteflika ne pouvant décemment balayer d'un trait, pour ne pas dire pardonner, de manière désinvolte toutes les forfaitures et atteintes aux valeurs nationales, que ce soit l'attaque de l'ambassade d'Algérie en terre égyptienne ou, pis, le piétinement du drapeau national, ignominie qui a blessé à jamais tout un peuple. Cette situation de «conflit» n'est pas nouvelle pour la partie égyptienne qui s'évertue particulièrement ces deux dernières années à se positionner en leadership dans la région arabe, mais aussi en Afrique, voulant à tout prix occulter le retour de l'Algérie après ces années de feu dans le concert des nations. Les deux rencontres de football, disputées au Caire puis à Khartoum en novembre de l'année écoulée, n'étaient en réalité que la clef de voûte d'une dégradation manifeste des liens entre les deux pays, dans laquelle l'Egypte est plus que partie prenante. Pis, le président égyptien lui-même s'était mêlé, d'une manière peu appropriée, de ce qui devait rester sur un terrain purement sportif. Puisque, au lieu d'apaiser des esprits déjà trop chauds suite aux malheureux incidents du Caire, le chef de l'Etat égyptien avait joint sa voix aux extrémistes de son pays pour proférer des menaces à peine voilées contre l'Algérie. Mieux, les Egyptiens avaient poussé le bouchon jusqu'à provoquer une sorte de crise diplomatique. Heureusement que le temps a bien fini par remettre les choses à leur place. Puisque le discours des responsables égyptiens a évolué depuis novembre 2009. Au lieu des phrases enflammées, on a eu droit à des déclarations d'apaisement. Il fallait bien pourtant remettre les choses au point. Car, les Egyptiens ont bien senti que la situation leur était défavorable, surtout sur le plan économique. Le dossier Orascom et la crise des livraisons de gaz butane en sont les exemples les plus parlants. De son côté, l'Algérie a continué à avoir des relations presque normales avec Le Caire. En témoignent les différentes visites ministérielles effectuées par plusieurs hauts responsables algériens au pays de Moubarak. Pourtant, les intérêts entre les deux pays convergent beaucoup plus vers la nécessité d'une entente. Une entente devenue d'autant plus nécessaire que le poids des pays comme l'Algérie et l'Egypte est plus que jamais recommandé pour peser dans les grandes décisions qui se posent sur la scène internationale. Ce sont donc tous ces paramètres qui ont dû pousser le président égyptien à se résoudre à visiter l'Algérie en saisissant l'opportunité d'un drame personnel pour essayer d'effacer une page peu glorieuse générée par son sérail. A sa tête ses deux enfants présentés comme les futurs dauphins politiques qui se sont comportés en véritables voyous, ce que ne peuvent oublier une opinion publique et une jeunesse algérienne qui a donné la plus grande leçon de marketing diplomatique et politique à Oum Dounia en communiant autour du drapeau national, faisant ainsi résonner de manière universelle un «one, two, three, viva l'Algérie», qui surpasse toutes les repentances hypocrites. A. B.