La visite du raïs à Alger est destinée à sceller la “normalisation” des relations diplomatiques et enterrer le feuilleton politico-médiatique né d'un match de football entre les sélections des deux pays. Le président égyptien, Mohamed Hosni Moubarak, est arrivé, hier, à Alger, pour une visite officielle d'une journée. Précédé par son chef de la diplomatie, Ahmed Abou El-Gheït, le raïs égyptien est venu, surtout, présenter ses condoléances au président Abdelaziz Bouteflika, à la suite du décès de son frère Mustapha. Il est vrai que le président Bouteflika avait fait le déplacement au Caire, l'an dernier, pour présenter ses condoléances à son homologue égyptien à la suite du décès de son petit-fils. Mais la visite officielle du raïs à Alger est beaucoup plus destinée à sceller la “normalisation” des relations diplomatiques et enterrer durablement le feuilleton politico-médiatique né d'un match de football entre les sélections des deux pays. Officiellement, les objectifs de la visite sont déclinés par le chef de la diplomatie égyptienne, à son arrivée à l'aéroport international d'Alger. “Je pense que la rencontre prévue aujourd'hui entre les présidents Bouteflika et Moubarak et leur précédente rencontre à Nice (France), tenue il y a quelques semaines, viennent confirmer la ferme volonté des deux présidents, peuples, et gouvernements et des deux Etats de poursuivre l'édification d'une relation forte pour la défense des droits arabes et la préservation de la sécurité de la région”, a-t-il déclaré. Et d'ajouter : “L'Algérie et l'Egypte sont deux pays frères et n'ont cessé d'œuvrer ensemble depuis une soixantaine d'années”, a rappelé le ministre, soulignant que cette visite “est une visite amicale et de courtoisie et s'inscrit dans ce cadre”. Il y a lieu de rappeler que le chef de la diplomatie égyptienne avait annoncé, le mois dernier, la volonté de son pays d'enterrer définitivement la hache de guerre avec Alger et de tourner la page d'une crise qui n'avait pas lieu d'être. Les responsables égyptiens, sans jamais présenter d'excuses officielles sur les incidents survenus lors du match de novembre dernier au Caire et toutes les attaques dont l'Algérie avait fait l'objet, veulent normaliser, présentement, les relations, eux qui avaient frôlé la rupture diplomatique, en rappelant leur ambassadeur. Alger, malgré les menaces de mort qui pesaient sur son ambassadeur au Caire, et malgré toutes les menaces et intimidations dont il avait fait l'objet, avait refusé d'aller au pourrissement et préféré laisser passer la tempête. Mais la crise passagère entre les deux pays a laissé des séquelles que les visites et autres déclarations des officiels ne peuvent cicatriser de sitôt. Les entreprises égyptiennes, ayant bénéficié de largesses du gouvernement algérien, ont ressenti le retour de flamme, depuis la crise de novembre dernier. Certaines ont déjà renoncé à des projets d'investissements, que ce soit dans le secteur minier, pétrolier ou du bâtiment. Mais c'est surtout la filiale algérienne d'Orascom, vitrine de la coopération algéro-égyptienne, qui a fait les frais d'une telle crise, au point où l'actionnaire principal d'OTA est sommé de vendre ses parts au gouvernement algérien, et à aucune autre partie étrangère. Le tête-à-tête entre les deux chefs d'Etat, tenu hier à la résidence d'Etat de Zéralda, au-delà des condoléances de circonstance, devrait aborder le devenir des entreprises égyptiennes en Algérie. Quoi qu'il en soit, la visite du président égyptien marque la fin d'un froid diplomatique, mais elle reste loin de constituer le début d'une reprise de relations “apaisées” entre les deux pays. Car, au niveau populaire, l'impact de la crise est beaucoup plus profond.