En manquant un penalty à l'ultime seconde de jeu, l'attaquant a plongé Jo'burg dans la tristesse. Au Soccer City de Johannesburg, plus grand antre du football africain, il y a eu des larmes sur le terrain, dans les gradins et surtout en dehors, vendredi dernier. Les Black Stars du Ghana, dernier représentant du football africain, se sont fait éliminer de la Coupe du monde sud-africaine au niveau des quarts de finale par l'Uruguay, au bout d'un scénario invraisemblable. Le penalty de Gyan Asamoah, si souvent héroïque, a échoué sur la barre transversale, à l'ultime seconde des prolongations, privant ainsi tout le continent africain d'une place en demi-finale. De tous les Ghanéens qui pleuraient à grosses à larmes, les cris et les pleurs les plus stridents étaient ceux de Gyan Asamoah. Ces coéquipiers, moins éplorés, se relayaient pour le soutenir, le réconforter. Dans les tribunes, après que la séance des tirs au but eut tourné au désavantage du Ghana, les 84 000 spectateurs, presque tous acquis à la cause des Black Stars, se sont mis, comme par contamination, à pleurer. A l'extérieur du Soccer City, sur le chemin du retour, quelques supportrices, balançant le drapeau ghanéen à la main,continuaient à danser. Notamment Joyce Annan : «Le football est parfois cruel. Nous ne méritions pas de perdre ce match. Les Uruguayens ont terminé le match à genoux. Je suis partagé entre un sentiment de déception et de fierté. Déçu par le scénario de notre élimination et digne parce que mes compatriotes ont tout donné dans ce match. Nous avons honorablement défendu l'Afrique.» Le lendemain du match, la déception était grande dans la presse sud-africaine, qui ne s'est pas cachée pour soutenir les Black Stars, avant le match. The Citizen, a ouvert sa Une avec une photo montrant la grosse tricherie de la main de Suarez sur la ligne de but : «Le cœur brisé de tout un continent», le journal juge que «tout aurait pu être tellement différent si le penalty de Gyan, n'avait pas heurté la barre». Il y a eu beaucoup de «si» et de «ils auraient dû». «Mais le rêve africain est désormais terminé», affirmait The Star, un autre grand quotidien sud-africain. Pourtant, les Africains y ont cru. Vendredi dernier, on pensait attendre le retour des vestiaires pour voir les filets trembler, mais Sulley Muntari, d'une frappe puissante flottante, a donné l'avantage aux Ghanéens. Muslera, le portier uruguayen, en anticipant sur la droite a été pris à contrepied. A la reprise, une même erreur du gardien ghanéen a produit un effet identique. Sur un coup franc excentré de Forlan, Kingson, le portier des Black en plongeant à retardement, n'a pas pu effleurer le ballon. Les vuvuzulas se sont tus. Ils n'ont repris de la voix de plus belle, qu'après que l'arbitre eut sanctionné la faute de main de Suarez, à l'ultime seconde des prolongations. Mais Gyan, l'avant-centre de Rennes, a refusé, involontairement, d'entrer dans l'histoire par la grande porte. E. Z. N. In Mutation