De notre correspondant à Constantine A. Lemili «Mon frère et moi avons énormément investi dans ce challenge. C'est le seul moyen d'abord d'afficher notre indépendance et donner un spectre plus large à notre marge de manœuvre. Bien entendu il ne s'agit là d'aucune forme d'ostracisme à l'endroit d'autrui. Nous vous en fournissons pour preuve la décision du club d'installer un conseil d'administration et de l'ouvrir à quiconque serait prêt à faire partie du projet. La qualité de membre du CA s'obtient par un tour de table placé à la hauteur de 3 millions de dinars ou sous forme de sponsoring d'égale valeur. Il sera constitué de quinze personnes.» Kamel Madani est l'interlocuteur qui nous tient ses propos. Il détient la fonction «provisoirement», précisera-t-il, de premier responsable du conseil évoqué et assume celle de président de section football qu'il quittera en raison d'un cumul important d'autres responsabilités… professionnelles. Au vu du recrutement, et la Tribune l'a annoncé auparavant, les deux frères ont plus que cassé la tirelire. «Oui, nous avons mis beaucoup d'argent. Nous ne vous en dirons pas le montant mais il sera connu dans un cadre officiel dans la mesure où nous avons fait de la transparence dans la gestion notre premier credo», soulignera K. Madani. Même si c'est d'une manière arbitraire, il semble clair au vu de la liste des éléments recrutés que les deux capitaines d'industrie ont taquiné la demi-douzaine de milliards de centimes pour monter une telle équipe et surtout pour matérialiser leur objectif : «L'accession, il n'est pas question de jouer autre chose que l'accession. Le MOC est une grande équipe qui ne saurait plus souffrir de rester en division deux.» Et pourrait-il d'ailleurs en être autrement avec l'effectif suivant : Babouche, Bouabellou C, Bouabellou T, Zerrouk (GB), Kaïd Kasba, Kouachi, Daïra, Regdi, Boulekroune (défense centrale), Khenifsi, Titer, Karboua (défenseurs droits), Kechout, Belmokh (défenseurs gauches), Aoun Seghir, Chouieb, Matelsi, Nahnah, Alkma, Bouterbiat, Bouakkak, Remache, Belaidi, Ferhat Ayoub (milieux de terrain), Abadli, Ouichaoui, Bouaraoui, Belhadrouf, Lecheheub (attaquants). La barre technique a été renforcée par le retour de Latrèche en qualité d'entraîneur en second de Madureira qui a donné ses preuves la saison écoulée. Le staff dirigeant ne s'est pas contenté de la seule carte de visite de joueurs dont la réputation est établie, jugeant également important d'asseoir son choix sur leurs conditions physique, physiologique en n'achevant un recrutement définitif qu'après une visite médicale approfondie réalisée par le Pr. Mehdioui du CHU Constantine. «Cet aspect de la situation maîtrisé, nous nous sommes imparti par la suite comme tâche essentielle et prioritaire d'asseoir les fondements d'une organisation administrative rigoureuse, bâtie sur une gestion moderne des ressources tant humaines que matérielles que nous concrétiserons par la transparence et la traçabilité de tout acte de gestion et surtout de déterminer qui est qui et qui fait quoi et confirmer la rupture de cette habitude qui fait que tout le monde est responsable sans l'être en réalité…Une confusion à laquelle nous ne sommes pas habitués», ajoutera le président du conseil d'administration. A travers cette organisation et cette nouvelle politique, les Madani jettent forcément les bases du professionnalisme, de ce professionnalisme dont le monde parle mais que nul n'a jusque-là réellement matérialisé parce que tributaires peut-être des mannes publiques qui en restreignent l'application ou la conditionnent. L'investissement de fonds propres des deux opérateurs privés devraient à juste titre permettre cette indépendance quoique tout investissement ne puisse être fait s'il n'est pas porteur. Là encore, notre interlocuteur ne dévoile pas l'objectif imparti mais il paraît relever de la logique que la normalisation de la situation engagée, la mise en place de standards de gestion, les fonds placés, la rigueur dans le choix des hommes ou du moins de ceux qui ont les moyens d'y engager un capital ne peuvent que viser à la création d'une structure homogène sur tous les plans. La réussite en affaires dans le privé des deux frères ne peut pas ne pas être appliquée dans une association sportive pour peu que la rigueur dont ils ont fait preuve ailleurs soit appliquée au sein du Mouloudia. A ce propos, K. Madani est catégorique : «L'image d'un MOC…auberge espagnole est révolue. Notre but essentiel est d'abord de lui redonner son lustre, celui d'une association honorable, de redonner à ses supporters l'envie de l'aimer et de revenir au stade et de ceux qui veulent faire partie de son assemblée générale de le mériter et le mériter suppose certaines conditions.» Dans cet ordre idées, le conseil d'administration prévoit de proposer un règlement intérieur aux futurs membres de l'AG, de mettre en circulation des cartes d'abonnement selon différentes versions, de discipliner l'accès aux tribunes officielles, etc. Le MOC nouveau est-il arrivé ? La conviction avec laquelle en parle K. Madani porte honnêtement à le croire.