Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati C'est l'été. C'est le moment pour tout le monde de penser aux vacances. Ceux qui pensent à toutes les raisons, financières essentiellement, qui les empêchent de partir en vacances et ceux qui ont «mis de côté» depuis une année, pour pouvoir justement se payer un petit séjour au bord de la mer. Cela concerne toutes les familles algériennes parmi lesquelles beaucoup ne peuvent se permettre des vacances dignes de ce nom, vu leur situation socio-économique, à la limite du désastre. Et la culture dans tout cela ? Il est malheureusement rare de trouver des citoyens ou des familles qui font une place à la culture ou à des disciplines culturelles et artistiques durant leurs vacances. Dans ce domaine, la wilaya de Tizi Ouzou n'est pas différente des autres régions du pays. Les populations de plus en plus pauvres n'arrivent toujours pas à joindre les deux bouts. Leurs vacances relèvent de la débrouillardise, plutôt que d'une hypothétique programmation, grâce à un frère, une sœur ou même un cousin qui dispose d'un logement à Tigzirt ou à Azeffoun. En réalité, les vacances pour toutes ces familles ne sont qu'une occasion pour le farniente avec un peu de fraîcheur au bord de la mer. Aucun moment n'est consacré à une activité culturelle quelconque, y compris la lecture qui n'est pourtant pas budgétivore dans la mesure où l'on n'est pas obligé d'acheter un livre pour le lire, mais qu'on peut l'emprunter. Il est vrai que la lecture n'est pas l'activité favorite du public même en dehors des congés. Ce qui n'est pas étonnant dans la mesure où les gens n'ont jamais été encouragés à lire et surtout à aimer la lecture. Et la grave crise économique que l'Algérie a traversée et qui a multiplié les prix des livres n'est pas faite pour arranger la situation d'une population qui a vu son pouvoir d'achat dégringoler de façon vertigineuse. Les villes et les villages de la wilaya de Tizi Ouzou étant invivables en été à cause des chaleurs qui y sévissent, avec cette nouvelle humidité apparue depuis la réalisation du grand barrage de Taksebt, les habitants de la région ne pensent qu'à la baignade et aux endroits à basse température. Alors que l'activité culturelle est beaucoup plus présente au niveau du chef-lieu de wilaya qui est connu pour son air, très chaud où les gens suffoquent tout au long de l'été, surtout qu'en parallèle, il connaît aussi des incendies de forêt, accentuant ainsi le caractère irrespirable de l'air. S'ajoute à ce climat la désorganisation qui caractérise les galas artistiques dans la seule structure culturelle du chef-lieu, en l'occurrence la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou où les familles sont de plus en plus rares à s'y aventurer, car toutes sortes d'énergumènes traînent aux alentours à chaque occasion. Il est vrai cependant que la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou n'hésite plus depuis quelques années à délocaliser des activités culturelles vers les villes du littoral de la wilaya à chaque fois que l'occasion se présente. L'année dernière à l'occasion du Festival panafricain, plusieurs activités ont eu lieu dans ce cadre à Tigzirt et à Azeffoun, mais aussi dans les autres localités de la wilaya. Cette année, les organisateurs de la cinquième édition du Festival culturel arabo-africain de danses folkloriques qui aura lieu du 17 au 21 juillet prochains ont prévu des activités dans les villes balnéaires de la wilaya. Les estivants pourraient éventuellement profiter de leur séjour à Tigzirt ou à Azeffoun pour assister à des spectacles de danses folkloriques qu'animeront des troupes venant de pays d'Afrique subsaharienne et de pays arabes ainsi que de quelques wilayas du pays. C'est la seule occasion que peuvent saisir les vacanciers pour allier vacances et culture. Sinon, pour les familles de Tizi Ouzou, les vacances ne riment pas avec culture.