De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La saison estivale est partout synonyme de vacances et surtout de rupture avec toutes les activités quotidiennes en relation avec le travail ou même avec l'entourage. Bien entendu, tout le monde ne peut se permettre des vacances en famille pour des raisons socio-économiques évidentes et beaucoup de ceux qui se permettent des vacances ont la chance d'avoir un parent ou une connaissance qui fait en sorte que les dépenses seraient moindres, notamment en cédant un logement au bord de la mer pour quelques jours. C'est, en quelque sorte, pour tout cela que les familles qui réussissent à partir en vacances ne pensent qu'aux choses en relation avec la mer avec l'objectif de se défouler à fond. Et ils sont rares les gens qui pensent à prendre des livres avec eux pour des «lectures estivales», étant plutôt tournés vers les maillots de bain (ou plutôt des shorts et des bermudas) et tous les accessoires de plage et de détente. Pourtant, il y a de cela plusieurs années, le livre avait toujours accompagné les vacanciers et même les aventuriers qui faisaient des centaines de kilomètres, en majorité à pied et en auto-stop. Dans leur sac-à-dos, on trouvait toujours un bouquin qui se révélait une brillante compagnie durant le séjour. On y trouvait également les magazines les plus en vue, comme l'indétrônable France Football qui marchait très bien en Algérie, particulièrement avant «l'ouverture» de 1988. Aujourd'hui, la lecture a perdu de sa splendeur et pas seulement durant les vacances. Les gens ne lisent plus. L'école y est pour beaucoup dans la mesure où les écoliers ne sont pas encouragés à la lecture. D'ailleurs, cela se répercute même sur leur scolarité, puisque les élèves ne lisent même pas les livres qu'ils étudient en classe. De plus, les bibliothèques des établissements scolaires, quand elles existent, ne sont pas bien dotées. Quand bien même elle le serait, elles ne sont pas bien exploitées au profit des écoliers par les dirigeants des établissements et les enseignants. Particulièrement dans la wilaya de Tizi Ouzou où même les éditeurs souffrent de la négligence que subissent les bibliothèques des établissements scolaires. Dans cette wilaya, les jeunes d'aujourd'hui sont rares à avoir la passion de la lecture, y compris au sein de l'université où les étudiants, censés dévorer des dizaines, voire des centaines d'œuvres durant leur cursus, ont souvent la flemme de feuilleter un livre dont ils ont pourtant besoin. Alors comment imaginer que des gens pensent à s'armer de livres au moment où ils se préparent à aller en vacances ? Quand les gens ne lisent pas régulièrement, ils ne peuvent avoir l'idée de mettre dans leurs bagages de la lecture pour les vacances, disent beaucoup de personnes interrogées, dont certaines affirment aimer lire et réserver un moment de la journée pour la lecture, y compris pendant les vacances. «D'ailleurs, je viens de rentrer de vacances et j'en ai profité pour relire Les dossiers noirs de la CIA et quelques numéros de l'hebdomadaire français Marianne consacrés à la crise financière mondiale», dit Azedine, un jeune économiste qui a passé dix jours de vacance en famille dans une localité côtière de la wilaya de Boumerdès. Pour lui, il n'est pas évident de voir des gens partir en vacances avec des livres dans leurs bagages, mais il se dit, optimiste que cela va changer dans un proche avenir. Les jeunes parents d'aujourd'hui encouragent leurs enfants à lire et, dans quelques années, cela va donner de grands amoureux de la lecture, précise-t-il en donnant l'exemple de sa fille de sept ans qui commence déjà à «bouquiner» un peu.