La Celeste est tombée la tête haute contre les Pays-Bas (3-2) pour sa première demi-finale de Coupe du monde depuis 1970. Cette courageuse formation n'a pas de solution de rechange en cas de blessure de l'un de ses quatre joueurs-clés, dont le capitaine et défenseur central Diego Lugano, qui ne s'est pas remis de sa blessure à un genou contractée face au Ghana. L'arrière gauche, Jorge Fucile est suspendu tout comme le buteur Luis Suarez après cette main dont on a suffisamment parlé. Et le milieu offensif Nicolas Lodeiro, qui souffre d'une lésion avec un trait de fracture au pied droit, est indisponible jusqu'à la fin de la Coupe du monde. Sa défense n'a pas encore été testée face à des attaquants de premier plan. Pour l'instant, elle ne s'est inclinée que sur une erreur de communication entre Lugano et le gardien Fernando Muslera contre la Corée du Sud puis face aux Pays-Bas. La Celeste a un autre problème, celui d'un effectif qui ne peut se passer de ses meilleurs éléments. Cohérents tactiquement, les Ciel et Blanc ont souffert physiquement face aux Hollandais. Et s'ils ont été brillants lors de ce match, le gardien Muselera, qui n'a quasiment pas été inquiété lors de ce Mondial, a été peut-être fébrile. N'ayant perdu que face aux coéquipiers de Robben sur les trois tours, le keeper uruguayen reste tout de même serein. «Je travaille dur à l'entraînement. Mais c'est vrai que c'est un peu difficile, même si la Coupe du monde m'a bien aidé. On va probablement aller chercher cette troisième place», assure-t-il. Pour l'Uruguay, l'enjeu lors de ce Mondial 2010 en Afrique du Sud, c'était de renouer avec une ère glorieuse. Première équipe championne du monde de l'histoire (1930), la Céleste, également sacrée au Brésil en 1950, n'a plus participé aux demi-finales depuis 1970. La formation de l'ex-coach du Milan AC avait la possibilité de devenir championne du monde pour la troisième fois. Faire la fierté de tout un peuple et donner du bonheur à tout un continent, c'était des motivations martelées toute la semaine par les joueurs. Des joueurs qui renvoient l'image de pouvoir ajouter une dimension à leur valeur, en dépit de tout ce qu'ils peuvent malgré tout rater, ou même gâcher. Mais, c'est comme cela qu'ils pourront avancer, progresser, renverser la tendance et bousculer la hiérarchie. Pour cela, ils auraient besoin de patience, de compréhension. Cette équipe-là ne peut pas être justement jugée, mais plutôt encouragée. Elle le mérite beaucoup plus que certains ne le croient : 32e et dernière sélection qualifiée pour le Mondial en novembre 2009 après des éliminatoires aux allures de «supplice» comme l'a résumé le technicien national Oscar Tabarez. D'où cette impression, comme le dit le coach uruguayen, «d'être dans une fête sans y avoir été invité». Ce petit pays, sacré deux fois champion du monde en 1930 et 1950, était absent de la Coupe du monde depuis huit ans et n'avait plus atteint les demi-finales depuis 1970. Loin des appréhensions excessives, ou encore déplacées, la Celeste se trouve désormais devant un moment historique à travers lequel on ne saurait se contenter des efforts susceptibles d'être déployés. Dans ce genre de situation, elle aurait besoin d'une véritable force de résolution, ne serait-ce que pour mettre fin à tant de défaillances qui avaient empêché, pendant de longues années, l'équipe d'accéder à un palier supérieur. Pour rappel, l'Uruguay, double champion du monde en 1930 et 1950, n'a jamais fini 3e d'un Mondial. Il a, en revanche, terminé deux fois 4e en 1954 et 1970. Il jouera la «petite» finale contre le perdant de l'autre demi-finale. A. B.