De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur L'élargissement des domaines d'application de la toponymie avec la création d'une banque de données, la réalisation d'un site web consacré à la petite ville d'Ouled Mimoun (wilaya de Tlemcen), la réalisation d'un musée devant conserver le patrimoine matériel et immatériel de la région ainsi que la création d'une cellule chargée de l'étude du patrimoine de l'antique Altava (Ouled Mimoun) ont constitué les principales recommandations de la journée nationale d'étude sur la toponymie et les systèmes d'information, organisée à Ouled Mimoun par le Laboratoire de traitement automatique de la langue arabe. Lors de cette manifestation qu'a abritée l'école des Douanes algérienne, et à laquelle ont pris part de nombreux spécialistes issus de différentes universités du pays, les intervenants, notamment le président du laboratoire Dr S. M. Ghither et le Dr Benssenouci El Ghaouti, ont précisé que nommer un lieu, c'est le distinguer des autres. Le premier rôle de la toponymie est de permettre le repérage géographique rapide d'un lieu donné. C'est pourquoi l'attribution de noms aux lieux devrait être soumise à des règles bien établies. Le second rôle de la toponymie est de décrypter à travers les noms certains aspects de notre culture. A ce titre, la toponymie fait partie du patrimoine collectif. Le toponyme traduit une reconnaissance publique d'une cause, de la mémoire d'un personnage ou d'un événement et est donc porteur d'émotion. Ainsi, le toponyme anime le lieu et cristallise le sentiment d'appartenance à la collectivité. Nommer un lieu est donc un geste significatif. Les intervenants ont longuement abordé le sujet, l'Algérie étant une région où de nombreuses civilisations, avec des origines, des langues et des traditions différentes, se sont succédée et/ou croisées. Elle est, en effet, a-t-on expliqué, située sur la route des invasions et des migrations humaines et a subi des occupations successives de longues durées qui ont marqué chacune de leur empreinte le paysage géographique et sociologique. Ouled Mimoun a, elle aussi, connu ces passages et invasions dont celle des Romains qui l'ont appelée Altava… De son coté, le Dr Cherif El Hadi, dans sa conférence la «Toponymie et système d'informations, se basant a-t-il dit, sur des indicateurs comparatifs relatifs à l'accès numérique, la diffusion des TIC et le projet gouvernemental de la nouvelle stratégie «Algérie 2013», relève que l'Algérie accuse encore du retard en matière d'accès aux NTIC (Nouvelles technologies de l'information et de la communication) et se classe parmi les pays à score moyen. Le Dr El Hadi n'a pas manqué d'expliquer que le «Algeria gate way project» ou le Portail électronique d'Algérie, est un projet initié par les membres du laboratoire LTALA visant à combler ce vide et consiste à concevoir et réaliser une base de données, des toponymes d'Algérie, liée à un système d'information complet (géographique, économique, historique, archéologique, linguistique, anthropologique...), et entre dans le cadre général des systèmes appelés SIG (Système d'information géographique). A ce titre, fera-t-il observer, il s'agit d'un puissant outil d'aide à la décision. «Dans cette étude nous présentons la méthodologie de conception, de réalisation et de la mise en place d'un tel système ainsi que les bases de données associées», dira le chercheur. D'autre professeurs, notamment M. Sellami, parleront des lieux qui se rapportent à la religion et la culture populaire. Les appellations d'ordre religieux ou mystique se retrouvent dans tous les endroits et à toutes les époques, soutiendront-ils. Lors de cette manifestation scientifique, les intervenants n'ont pas manqué de préciser que le nom de lieu ou toponyme doit son apparition à deux fonctions pour lesquelles sa création s'est révélée nécessaire fort tôt dans l'histoire de l'humanité : la localisation et l'orientation. Dès qu'il est énoncé, le nom de lieu acquiert deux autres fonctions. Se chargeant d'histoire, le toponyme devient lui-même site de consignation, un lieu de mémoire, comme c'est le cas de plusieurs lieux sur le territoire algérien. Rappelons que cette rencontre se veut une préparation pour un colloque international qui se tiendra l'année prochaine dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011».