De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Le Laboratoire de traitement automatique de la langue arabe (LTALA) de l'Université de Tlemcen organise aujourd'hui, avec le concours de l'APC d'Ouled Mimoun et du Centre national de formation des Douanes algériennes, une journée d'étude nationale sur le thème «toponymie et systèmes d'information». Cette manifestation scientifique sera marquée par plusieurs conférences qu'animeront des chercheurs de différentes régions du pays, a indiqué le président de la conférence Benssenouci El Ghaouti. La toponymie (étude des noms de lieux), apparaît en effet, aujourd'hui, comme un outil de mémoire collective et d'identité, selon le président, qui précise qu'elle est un moyen de repère et d'orientation, de symbole et de signification (réelle ou imaginaire). Mais elle apparaît également, a-t-il ajouté, comme un outil de travail nécessaire pour une gestion efficace des services et des espaces. Agissant comme codes de localisation, les noms de lieux permettent ainsi le repérage rapide et efficace au sein d'un espace géographique. D'autre part et d'un point de vue culturel, la toponymie, a-t-on expliqué, agit comme un agent rassembleur, un lien au sein d'une communauté donnée. Mode d'expression identitaire, les noms de lieux sont des témoins d'événements, de personnalités et de particularités géographiques qui constituent notre mémoire collective. La toponymie sert à renforcer l'identité et le sentiment d'appartenance d'une personne à une communauté et d'une communauté à un espace, en lui octroyant une image de marque. A ce titre, la ville d'Ouled Mimoun souhaite contribuer à la définition de son identité et celle de ses habitants. Lors de cette rencontre scientifique inscrite dans le cadre de la préparation du colloque international dont la tenue est prévue l'année prochaine, lors de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011», les conférenciers tenteront d'expliquer que la toponymie ou l'étude des noms de lieux, science auxiliaire de l'histoire, porte sur la cristallisation fossile de tous les substrats culturels des civilisations disparues. Les noms n'étaient pas donnés au hasard par le nomenclateur. Ils caractérisent souvent le lieu. La toponymie est souvent mise à contribution dans une approche historique, anthropologique, ethnographique, religieuse. En examinant l'objet de l'étude toponymique, comme noté par le chercheur Mansour Margouma du CRASC d'Oran, qui se réfère à l'étude des noms de lieux, on peut constater que cette branche de l'onomastique (étude des noms propres au sens large) comporte essentiellement plusieurs catégories : «l'oronymie ou étude des noms de montagnes, l'hydronymie ou étude des noms de cours d'eau, la microtoponymie ou étude des noms des lieux dits, l'odonymie ou étude des noms de rues…» Les spécialistes, lors de cette rencontre, évoqueront également cette dénomination et son classement. «La toponymie, conjuguée avec l'histoire, indique ou précise les mouvements anciens des peuples, les migrations, les aires de colonisation, les régions où tel ou tel groupe linguistique a laissé ses traces», écrit le linguiste français Albert Dauzat dans ses ouvrages. Né le 4 juillet 1877 à Guéret et mort le 31 octobre 1955 à Alger, il a été directeur à la Ve section de l'Ecole pratique des hautes études. Ses travaux d'onomastique font toujours autorité. Ses ouvrages sont considérés comme pionniers dans le domaine de la patronymie et de la toponymie scientifiques. Le prix Albert Dauzat est attribué par la Société française d'onomastique tous les deux ans pour récompenser un travail de toponymie ou d'anthroponymie relatif aux pays francophones. Il a été fondateur et directeur de l'importante revue de linguistique le Français moderne. Enfin, soulignons que la rencontre nationale sera clôturée par l'élaboration d'une série de recommandations.