«Vous devez être inculpé de crime, Tony». Vous devez aller en prison!». C'est le cri lancé par une militant de l'organisation Code Pink aux mains maculées de noir à la face du patron de BP lors de son intervention devant des élus de la Chambre jeudi. C'est comme si Barack Obama avait tordu le bras au patron de la British Petrolium qui a finalement concédé de débloquer vingt milliards de dollars afin d'indemniser les sinistrés de la marée noire dont la responsabilité incombe au groupe pétrolier britannique. On pensait que les choses commençaient à rentrer dans l'ordre pour ce début de conflit au caractère presque américano-britannique. Néanmoins les choses se sont corsées et gâtées jeudi quand le patron de BP devait rencontrer des élus américains à bout de nerfs par rapport à tous les échecs essuyés par la compagnie britannique dans ses multiples interventions de stopper la marée noire qualifiée par le président américain de « 11 septembre écologique ». Le patron de BP, Tony Hayward, a voulu rassurer les élus en promettant que le groupe «ne connaîtrait pas de repos» avant d'avoir nettoyé le pétrole. Ce fut presque un réquisitoire mené par des représentants de la Chambre qui ont d'emblée mis le doigt sur la plaie béante du Golfe du Mexique. Sans détours aucun, BP a été accusée d'avoir négligé les « conditions minimum de sécurité sur sa plateforme » qui a explosé il y a déjà deux mois au large des côtes des États-Unis provoquant la pire marée noire de l'histoire du pays. Et comme pour mettre le principal dirigeant de BP sur ses gardes, et du coup sur la défensive, il lui a été clairement signifié que « des questions pointues, serrées et difficiles allaient être posées ». Comme à tout réquisitoire il y a une plaidoirie. Au patron de BP de murmurer : «L'explosion et l'incendie à bord de la plateforme (...) et la marée noire qui a suivi dans le golfe du Mexique n'auraient jamais dû arriver et j'en suis profondément désolé». À partir de là, tous les doutes qui planaient semblent se confirmer quant aux moyens de sécurité mis en place. Tout à chacun continue de s'interroger sur ce qui a provoqué l'accident. «Il y a encore un gros travail à faire. Une réponse complète doit attendre les résultats de multiples enquêtes», a-t-il souligné, affirmant que l'accident résultait d'«une combinaison de défaillances sans précédent». La fuite déverse entre 30 000 et 60 000 barils (4,8 à 9,5 millions de litres) de pétrole chaque jour au fond du golfe du Mexique. Sur ce total, BP en récupère 15 000 par jour et espère porter ce chiffre à 28 000 en début de semaine prochaine, a indiqué jeudi le commandant des garde-côtes américains qui a donné un autre motif d'espoir aux habitants des côtes souillées par le pétrole: le forage des puits de dérivation censé stopper définitivement la fuite avance plus vite que prévu et pourrait être terminé avant mi-août, date initialement fixée. Au Congrès, Tony Hayward a été « taclé » par le représentant démocrate Bart Stupak sur une ancienne déclaration maladroite selon laquelle il confiait vouloir «retrouver (sa) vie d'avant» la marée noire. Ce à quoi le patron de BP a humblement déclaré : «J'ai honte de ce qui s'est passé à la Maison-Blanche hier (...) Je présente mes excuses».