Au-delà de l'aspect des contes des Mille et une Nuits, l'histoire de l'Espagne musulmane ou l'Andalousie recèle de nombreuses histoires écrites par des lettres de sang. Déchirement familial, trahison, adultère et coup d'Etat, tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins. Des fins dans la majorité des cas déloyales et égoïstes. C'est cette période-là, l'ère des califes ou plutôt celle du dernier maître de l'Andalousie, que l'auteure Josiane Lahlou plonge ses lecteurs à travers son œuvre intitulée Dans l'ombre d'Al Mansour, maître de l'Andalousie parue récemment aux éditions Dalimen. S'inscrivant dans le style d'histoire romancée, l'auteure s'intéresse à un homme, Mohamed ibn Abi Amir surnommé El Mansour (le victorieux). Ayant vu le jour en 938 au sein d'une famille arabe d'origine yéménite, Mohamed est envoyé à Cordoue pour poursuivre ses études aux côtés de ses oncles. Le jeune homme se distinguera très vite des autres par son ambition démesurée et sa soif du savoir. C'est sans difficulté qu'il termine ses études de lettres et de juriste. Voulant à tout prix infiltrer le palais royal, Mohamed occupe un poste d'écrivain public avant de se faire remarquer par un vizir qui lui propose le poste d'intendant du prince. Le calife El Hakam est mort, suivi par son fils aîné, il ne reste que le petit Hichem pour hériter du pouvoir et du royaume. Pendant ce temps, Mohamed séduit Sobh, une des veuves du calife, comme il peut. Et il aura raison de tout miser sur elle. Sobh fera de lui l'homme qu'il voulait. Mohamed deviendra par la suite calife à la place de Hichem, jugé trop jeune pour régner. En 110 pages et 24 chapitres, Josiane Lahlou nous retrace une ascension vertigineuse faite d'intrigues, manœuvres, expéditions guerrières, crimes, complots et passion, le tout dans une atmosphère d'hypocrisie étouffante. Régnant en maître absolu, le tyrannique Al Mansour marquera l'histoire par ses exploits. Hélas, sa dynastie sera la dernière avant la chute de cette civilisation musulmane qui a irradié le monde. Dans ce récit, l'auteure mêlera les faits historiques à la fiction en inventant des personnages (la voix du peuple) certainement pour alléger le texte riche en informations. Elle décrit la beauté de la ville, ses somptueux palais et fait l'éloge d'une période ou la tolérance était reine. D'un style simple et comestible, idéal pour les lectures d'été, Josiane Lahlou sert à ses lecteurs une version allégée de l'histoire de l'Andalousie. W. S.