La commercialisation du poisson et ses prix, la disponibilité de la ressource halieutique, l'investissement et la formation ont été les points débattus à bâtons rompus, hier, avec le nouveau ministre de la Pêche M. Abdallah Khanafou, qui a convié les journalistes à un point de presse au niveau de son département ministériel. D'emblée, le ministre a abordé la question de l'organisation du secteur, notamment dans son volet commercialisation. Il a rappelé la nécessité d'organiser la vente des produits de la mer et leur contrôle. Car, note-t-il, «40% de ce qui est pêché ne transite pas par des espaces contrôlés». La réalisation de douze halles à marée et la rénovation de la pêcherie d'Alger ont déjà été engagées dans le cadre du programme quinquennal 2005-2009 et 26 autres sont prévues dans le cadre du nouveau quinquennat 2010-2014. «Il y a une multitude d'intervenants dans le secteur : les armateurs, les mandataires, les services phytosanitaires et l'organisme qui gère les infrastructures portuaires ; nous ne pouvons pas laisser tout ce monde livré à lui-même», signale le ministre, ajoutant qu'un travail de contractualisation de toutes ces relations est en cours. C'est, d'ailleurs, l'un des objectifs assignés au groupe de travail mis récemment en place par les deux ministères de la Pêche et du Commerce. Leur rôle est de mettre en place un texte règlementaire pour fixer les relations entre les différents intervenants à même d'arriver à plus de transparence, d'avoir une traçabilité du produit, savoir où il va, et aller vers le respect des normes d'hygiène.Sur le temps accordé à ce groupe de travail, M. Khanafou explique que, normalement, trois à quatre mois suffiraient largement pour finir ce chantier, mais qu'il est demandé à ses membres de se rapprocher des professionnels pour recenser les problèmes et déterminer les tâches de chacun. Le ministre n'a pas manqué de souligner que le bateau de recherche pour évaluer les ressources réelles en poisson sera introduit dans deux ou trois mois en Algérie, rappelant que la biomasse est actuellement estimée à un peu plus de 200 000 tonnes par an. Il souligne toute l'importance de connaître cette ressource pour mieux mettre en place les programmesd'investissements.Sur ce point justement, M. Khanafou a relevé la nécessité d'aller vers les investisseurs et leur expliquer les opportunités existantes dans le secteur, notamment de l'aquaculture, filière encore à l'état embryonnaire, mais qui «sera le cheval de bataille du ministère dans les prochaines années». Le ministre ajoute que l'étape qui viendra sera axée autour d'une campagne de vulgarisation pour inciter les opérateurs économiques à aller vers ce créneau d'activité, ce qui règlera, selon lui, le problème de l'autosuffisance en produits de la mer. Beaucoup de projets dans l'aquaculture sont déjà engagés, notamment des fermes-pilotes à travers différentes wilayas du pays y compris celles du Sud. Celle de la crevette engagée avec les Coréens rentrera en production en février prochain. La coopération avec des pays possédant une grande expérience dans ce domaine sera poussée plus loin. Déjà, «des prémices d'une autre coopération avec les Malaisiens, très intéressés par ce créneau, sont perceptibles», dira le ministre. Enfin, à propos de la formation, le premier responsable de ce secteur dira que ce n'est pas tant les chiffres qu'il faut prendre en compte, mais de savoir où est la ressource formée. Pour lui, «le souci majeur est de faire un bilan de ce qui a été formé et un suivi de cette ressource». B. A. Prix du poisson : demande en augmentation et offre limitée Interrogé sur le prix du poisson, le ministre de la Pêche M. Abdallah Khanafou dira que cette question n'est pas seulement liée à la transparence et aux espaces de commercialisation. Les prix sont aussi liés à la loi de l'offre et de la demande : «La demande augmente et l'offre est limitée.» Notre objectif maintenant «est d'augmenter l'offre grâce à la filière aquaculture». Et de conclure qu'«il est temps dans ce domaine de la commercialisation du poisson de rendre à chacun sa place». B. A.