Le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, a présidé hier, à l'établissement de rééducation et de réinsertion d'El Harrach (Alger), une cérémonie de remise des prix à des détenus lauréats de l'examen du baccalauréat 2010 et d'autres lauréats du Brevet d'enseignement moyen (BEM). L'ambiance était triste malgré les sourires et les propos de satisfaction et d'encouragement. En effet, les prisonniers, jeunes hommes et jeunes femmes, condamnés à de lourdes peines, parfois même à perpétuité, n'aspirent qu'à la liberté. Ce n'est pas chose possible dans l'immédiat… mais elle peut l'être dans l'avenir tant qu'ils gardent l'espoir de bénéficier de la grâce présidentielle sinon de la liberté conditionnelle. Pour cela, ils doivent faire preuve de bonne conduite mais aussi de bon travail. Et le travail dans l'établissement ne manque pas. Il peut intéresser les jeunes détenus – et les moins jeunes, et peut leur donner des idées d'avenir. Première voie pour s'en sortir, même en étant prisonnier : les études. Les services du ministère de la Justice y accordent un grand intérêt et travaillent de façon à aider les détenus à retrouver le contact avec l'enseignement, les livres, le savoir… tout pour sortir de l'ignorance et du fatalisme. «Nous sommes convaincus que c'est l'ignorance qui mène les jeunes au crime», soutient un responsable de l'établissement. Ainsi, indique-t-il, d'importants moyens matériels et humains sont déployés dans l'établissement –et d'autres établissements pénitentiaires à travers le pays- pour permettre aux jeunes de suivre une formation professionnelle (broderie, coiffure, menuiserie…) ou un cursus scolaire ordinaire (pour passer les examens du BEM et du baccalauréat et faire des études universitaires). Des enseignants se déplacent dans les établissements et dispensent un enseignement de qualité, selon des témoignages de détenus. Ces derniers semblent apprécier l'aide qui leur est proposée et affichent une grande volonté de réussir. Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH), apprécie ce dispositif mis en place par le ministère de la Justice dans le cadre de la mise en œuvre de la réforme des établissements pénitentiaires en matière d'enseignement et de formation. «La situation des prisonniers est bonne. Je l'ai constaté moi-même. Je témoigne en tant qu'avocat et en tant que président de la CNCPPDH», dira-t-il. Et d'insister : «Les droits des prisonniers sont vraiment respectés. J'insiste sur cela. C'est ce que j'ai vu de mes propres yeux. En plus de cela, les conditions matérielles s'améliorent de jour en jour. C'est le résultat du travail fait par le ministère de la Justice.» En chiffres, 1 859 détenus ont réussi cette année au BEM contre seulement 62 en 2003. Ils sont au nombre de 560 au baccalauréat contre 86 en 2003. Par ailleurs, Mokhtar Felioune, directeur général de l'administration pénitentiaire et de réinsertion, rapporte que trois nouveaux établissements seront ouverts, d'ici fin septembre, dans trois wilayas : Béjaïa, Bordj Bou Arréridj et Djelfa (Aïn Oussera). Aussi, environ 3 000 détenus ont bénéficié cette année des mesures de grâce et de liberté conditionnelle. K. M.