Photo : M. Hacène Par Farah Bachir-Chérif Une belle lumière emplit leurs yeux innocents et un beau sourire illumine leurs visages. Ils sont si heureux. Ces bambins, venus du Sud algérien, n'avaient jusque-là pas eu l'occasion de s'adonner aux plaisirs des ébats avec les vagues de la mer, même s'ils boivent la tasse de temps en temps, ni aux joies des jeux de plage, même s'ils en font les frais des fois. Une occasion unique leur a été donnée de profiter d'un agréable séjour au bord de la mer, à Sidi Fredj où le village de toile El Amel les a accueillis. Situé au Village africain, El Amel est l'un des cinq campings qui composent le centre de Sidi Fredj, géré par l'Agence nationale des loisirs et de la jeunesse (Analj). C'est cet organisme, en collaboration avec le ministère de la Jeunesse et des Sports, qui a la charge d'organiser, pour cette année, dans ses 18 centres répartis sur tout le territoire national des colonies de vacances pour des enfants âgés entre 7 et 14 ans. Cet été, quelque 30 000 enfants des 48 wilayas du pays vont bénéficier des camps de jeunes et de loisirs. Le village d'El Amel a ouvert ses portes, pour cette année, le 1er juin dernier, à l'occasion de la Journée internationale de l'enfant. Il est érigé au cœur d'un paysage féérique où la forêt va à la rencontre de la mer. Essaimés entre les gigantesques arbres qui datent de plus d'un siècle, les trois camps de toile du village abritent entre 150 et 200 enfants chacun. Dans ce village de toile, une originalité : chaque tente a été baptisée du nom d'un des pays ayant participé à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Ces désignations sont aussi une manière de faciliter l'orientation aux enfants qui ont montré tout leur intérêt pour cet événement footballistique planétaire. D'ailleurs, les administrateurs du village ont placé un grand écran pour permettre aux enfants de suivre les matches de l'Algérie et la finale de cette Coupe du monde entre l'Espagne et les Pays-Bas. Les 500 enfants accueillis pour cette troisième session, une des six programmées pour cet été, n'ont pas eu le temps de se reposer du long et harassant voyage effectué en bus depuis Tamanrasset, El Oued, Illizi ou encore Laghouat, qu'ils ont commencé leur agréable aventure d'une quinzaine de jours dans cette ville côtière qui s'offre aux visiteurs avec ses plages étendues et ses bois de pins bordant le rivage. Bien encadrés dès leur arrivée, les enfants ne finissent pas d'aller de découverte en découverte. Ils commencent leur journée avec une baignade le matin avant de s'offrir une petite sieste après le repas. Un repas (au menu d'hier : salade variée et purée de pommes de terre et poulet, puis crème dessert pour, comme son nom l'indique, le dessert). La nourriture est contrôlée par le médecin du camp qui reçoit quotidiennement des plats témoins. Quant à l'après-midi, à chaque jour son lot de surprises. Les activités sont programmées suivant des axes thématiques choisis par l'encadrement. Il est ainsi proposé aux enfants des sujets tels que «l'environnement», «la citoyenneté et l'enfance», ou encore «la fête de l'indépendance», qui a été célébrée dans le village El Amel, le 5 juillet dernier, comme nous l'a indiqué le directeur du centre, Salmi Hmed, par un programme spécifique. Projection de films sur la révolution, visite de sites symboliques et levée du drapeau national étaient au menu. «C'était un moment très émouvant lors de la levée du drapeau national en chantant Qassaman», a assuré M. Hmed. Ce responsable a expliqué que les thématiques proposées par les membres de l'équipe d'encadrement pédagogique trouvaient naturellement leur concrétisation à travers les activités organisées les après-midi, à l'exemple du concours de la «meilleure tente» organisé pour inciter les enfants à participer à la vie collective ou encore les pièces théâtrales qui incluent chants et danses. A cela s'ajoutent évidement les activités physiques et sportives en plein air comme les jeux de plage, les parties de volley-ball… Sans oublier les visites organisées vers de multiples sites historiques de la région.Et comme tout est organisé pour le bien-être des enfants, il est prévu pour ceux qui sont réfractaires à la sieste un espace de jeu comprenant un baby-foot, une table de ping-pong, des jeux d'échecs, de cartes ou encore un manège, donné en concession à un Syrien qui a accepté d'appliquer des prix symboliques pour les petits. Suite La soirée, c'est toute une préparation dont se chargent… les enfants. En effet, à chaque fois qu'une sortie vers un site est programmée pour un groupe d'enfants, un autre reste au camp pour préparer la veillée. C'est une manière de responsabiliser les petits, leur apprendre à travailler en groupe et à récolter, le soir venu, les fruits de leurs efforts. Les petits vacanciers ont donc droit à une veillée de jeu ou de contes. Vers 23 heures, c'est l'extinction des lumières. Chaque enfant se dirige vers son dortoir, les garçons d'un côté, les filles de l'autre. Dans les bras de Morphée, les enfants, à ne pas en douter, vont rêver des agréables moments qui ont rythmé leur journée. D'ailleurs, leur joie est perceptible dans leurs yeux avant leurs mots. Amine, enfant de Tamanrasset, a dix ans. Il est tellement heureux de passer ces quinze jours de vacances au village El Amel qu'il ne trouve pas les mots pour exprimer sa joie. «Je suis si heureux d'être ici. Je me suis fait beaucoup d'amis et j'ai découvert aussi la mer», dira-t-il avec un sourire radieux. Avec ses yeux pétillants de bonheur, Rostom, le nouveau copain d'Amine, enfant d'Illizi, dira tout simplement que «tout est formidable. On danse, on chante, on participe à des concours et on se fait de nouveaux copains. Tout est bien. Moi je veux rester là jusqu'a ce que le camp El Amel ferme ses portes le 20 août». Rester au camp est la phrase qui revient dans la bouche de la plupart des petits vacanciers. Cette ambiance chaude et festive, qui offre tellement de joie aux enfants, a pesé d'ailleurs dans la décision des responsables du camp El Amel de prolonger les sessions jusqu'au 20 août prochain, estimant que le mois de Ramadhan est un moment privilégié pour mieux tisser des liens de fraternité et de solidarité entre les jeunes issus de différentes régions du pays. Cette prolongation des sessions est bénéfique à plus d'un titre. Elle permettra d'offrir plus de moments de bonheur aux enfants dont les parents n'ont pas les moyens de leur payer des vacances. Plus que de simples vacances, ces deux semaines que les enfants de Tamanrasset, d'Illizi ou d'ailleurs ont passées avec au programme mer, soleil et rires, resteront à jamais gravées dans leur mémoire. Il est fort à parier qu'il en serait de même pour les enfants du Nord s'ils venaient à découvrir les beautés de l'Ahhagar, du Tassili n'Ajjer et de toutes ces régions du Sud algérien dont la féerie a inspiré tant de poètes, photographes, peintres, musiciens et conquis les cœurs et les esprits de tant de visiteurs.