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Lorsque la solidarité va à la rencontre de la détresse
Dar el rahma de Birkhadem
Publié dans La Tribune le 13 - 09 - 2009


Photo : Sahel
Par Farah Bachir-Cherif
Dar el rahma de Birkhadem, n'est pas un endroit terne et froid comme peuvent se l'imaginer certaines personnes. Bien au contraire, dans un cadre verdoyant, plusieurs résidences y sont aménagées, disposant de toutes les commodités et dans lesquelles les personnes en difficulté pour nombre de raisons sont regroupées en fonction de paramètres établis par la direction du centre pour une prise en charge psychologique plus efficiente. Enfants abandonnés, mères célibataires ou personnes âgées, en détresse, essayent tous de s'accrocher à la vie.
La cour principale est vide. Les aires de jeu aussi. Personne n'est là pour accueillir les visiteurs curieux d'un jour, venus partager le f'tour des locataires de Dar el rahma de Birkhadem.
Mais où sont passés les locataires ? Tout simplement dans les différents pavillons. Occupés à préparer le repas de ce mois sacré de Ramadhan, les pensionnaires étaient regroupés dans une ambiance chaleureuse. Certains préparaient la chorba, d'autres coupaient le pain, dressaient la table, pendant que d'autres encore garnissaient les salades… Ils étaient heureux de partager ce moment en famille. Oui, le mot famille peut être utilisé à juste titre pour décrire l'ambiance réconfortante qui y régnait. Un esprit constaté chez tous les résidents de ce foyer.
Une demeure reposante et confortable
Dar el rahma de Birkhadem n'est pas un endroit terne et froid comme peuvent se l'imaginer certaines personnes. Bien au contraire, c'est un lieu reposant où au centre de la cour se trouve une grande fontaine avec des jets d'eau. Plusieurs résidences s'y trouvent avec beaucoup de verdure autour. Les locataires y sont répartis en plusieurs catégories : des personnes âgées, des M. C. (mères célibataires) des jeunes filles enceintes, des enfants et le dernier pavillon qui est l'un des endroits les plus sensibles du foyer est réservé à des personnes malades atteintes de cancer. Malgré cette ambiance bon enfant, plusieurs malheureuses histoires se côtoient et se racontent. Au pavillon des M. C. résident 7 jeunes femmes célibataires âgées entre 19 et 28 ans. L'une d'elles qui a rejoint le centre il y a quelques jours raconte son histoire : «Je suis arrivée vendredi dernier. 4 mois plus tôt, j'ai rencontré un jeune homme qui me paraissait sympathique. Quelques jours après notre rencontre, nous sommes allés prendre un café dans un salon de thé et ce dernier a mis une substance dans mon verre. Au moment où j'ai commencé à ressentir de la fatigue, nous sommes partis dans sa voiture et le pire est arrivé…» En apprenant qu'elle était enceinte, Lila a pensé tout de suite à la fugue ; elle a tout raconté à sa sœur qui est allée immédiatement le rapporter à sa mère. La maman de Lila en a parlé à son père qui a refusé d'abandonner sa fille et a préféré la mettre dans ce foyer. Ici, chacune des filles a sa propre histoire. Certaines assument leurs erreurs de parcours, d'autres sont victimes de viol et d'autres encore refusent de raconter leurs mésaventures.
A Dar el rahma, les jeunes filles sont prises en charge jusqu'à l'accouchement et chacune choisit son destin, garder ou non l'enfant. Dans tous les cas de figure, elles sont obligées de se séparer de leur enfant si elles choisissent de rester à Dar el rahma.
Dans le pavillon des enfants, les histoires sont encore plus touchantes comme celle d'Amel, une jeune fille de 17 ans qui a été adoptée à la naissance par un couple dont la femme est décédée quand elle avait 14 ans. Sa vie a été un vrai calvaire depuis que son père s'est remarié, la belle-mère ne voulait pas de la petite ; elle est allée jusqu'à inventer des histoires à dormir debout pour monter le père contre sa fille et ce dernier a cédé et l'a abandonnée.
La fillette est arrivée au foyer très affectée mais, avec un bon encadrement, elle a su être studieuse en ayant un parcours scolaire exemplaire. D'autres histoires encore plus choquantes nous ont été rapportées comme celle de ces enfants torturés par leur père ou de ceux dont les familles ont été victimes du terrorisme ou abandonnés dans les maquis et récupérés dans le cadre de leur réintégration sociale et, donc, placés à Dar el rahma. D'autres histoires plus bouleversantes les unes que les autres se succèdent, à l'image d'Asma, une adolescente originaire de Aïn Defla, âgée de 14 ans, elle est pleine d'énergie, toute pétillante, elle était en train de jouer avec une autre petite fille qu'elle tenait par la main et elles couraient. La petite Asma, est née hors mariage et a été abandonnée à la naissance.
Ou encore l'histoire de deux sœurs jetées à la rue avec leur maman par leur père. Juste avant leur admission au foyer, leur mère meurt de mort violente… Les sœurs sont inséparables et, malgré leur grand sourire, on remarque au fond de leurs yeux un regard triste et abattu…
Chez les personnes âgées, nous retrouvons Aïcha que tout le monde appelle communément khalti Aïcha. C'est une femme de 75 ans, au beau visage rond, elle porte des lunettes et un foulard à la manière algéroise avec une jolie gandoura.
Elle nous a accueillis avec un large sourire et les bras grands ouverts et nous a embrassés en nous disant : «Mrahba bikoum» (soyez les bienvenus). Et elle se fait insistante, voulant à tout prix nous accompagner dans notre visite. La tragédie de Aïcha a commencé le 10 octobre 1980, une date que l'Algérie n'oubliera jamais. C'est le jour où 80% de la ville de Chlef a été détruite. Toute la famille de Aïcha est décimée. Sans famille et sans ressources, elle commence à errer dans les rues d'Alger pendant des années jusqu'au jour où elle intègre le foyer pour y trouver refuge et réconfort.
Ces derniers temps, khalti Aïcha souffre de troubles de la mémoire… Mais elle reste le «chouchou» du centre, tout le monde l'aime.
Des histoires de vies poignantes
A Dar el rahma, les personnes âgées sont nombreuses et les histoires de leur «vie» sont plus que pénibles. Mais le moment le plus douloureux au cours de cette visite est la découverte du pavillon où résident les personnes atteintes de cancer et plusieurs sont en phase finale.
Pourquoi les cancéreux sont-ils logés à Dar el rahma ? C'est tout simplement parce que la majorité viennent de l'intérieur du pays. Ils n'ont pas assez d'argent pour pouvoir payer leurs trajets jusqu'à Alger. Les familles laissent donc leurs proches à Dar el rahma où ils sont pris en charge.
Des enfants, des femmes, des jeunes hommes et des personnes âgées sont condamnés.
En sortant du pavillon, nous croisons une fillette de 12 ans à peine, appuyée à la rampe. Toute menue et blanche comme la neige, elle portait en elle un énorme poids, celui de la peur et de la tristesse. Elle attire notre attention. Pourquoi est-elle seule et retirée ? Nous l'abordons.
Meriem est son nom, elle est ici depuis quelque temps avec sa maman. Ses larmes commencent à couler et elle tourne la tête. Nous la mettons à l'aise et la réconfortons. Quelques minutes plus tard, elle raconte qu'elle avait peur, peur de mourir. Elle ne savait pas exactement ce qu'elle avait mais elle disait qu'elle ne pouvait pas grandir et elle savait qu'elle était dans un pavillon où beaucoup de personnes sont mortes…
Nous restons un peu avec elle pour lui changer les idées. Avant de quitter le pavillon, nous nous sommes renseignés sur l'état de santé de Meriem, elle est atteinte d'un cancer des os !
Le soleil commence à disparaître, c'est l'heure du f'tour.Nous avons choisi de suivre les enfants et de partager le repas avec eux.
Dans leur salon se trouvaient plusieurs tables bien garnies. Tout était en place, les couverts, les salades, les boissons et les enfants…
Ils attendaient avec impatience la chorba. Tout se déroulait si bien qu'un moment nous avons oublié que nous étions en dehors de nos foyers.
Après la chorba, les plats étaient variés, poulet aux olives, couscous blanc que khalti Aïcha a attendu toute la journée et qu'elle voulait partager avec nous.
C'était une table qui faisait honneur au Ramadhan. Après le dessert, les enfants se sont précipités vers le coin télévision, pour suivre leur feuilleton préféré, Djemaï Family.
Au même moment, certains préparaient le thé et d'autres faisaient la vaisselle.
Lors de ce Ramadhan, deux fêtes ont été organisées par les enfants pour divertir les personnes âgées, des sketchs, des thèmes berbère, chaabi… ont été au programme et l'animatrice de ces soirées a été la petite Amel. Pendant les vacances, des sorties sont également prévues pour les enfants. Quelques familles viennent leur rendre visite et leur dispensent le temps d'une balade un précieux moment de bonheur. C'est d'ailleurs dans cet esprit que les responsables du centre, au-delà des dons dont ils ne cessent de féliciter les généreux donateurs qui pour la plupart requièrent l'anonymat, s'évertuent à demander plutôt un
parrainage pour ces personnes en difficulté, particulièrement pour les enfants abandonnés ou en bas âge pour qu'ils puissent bénéficier de sorties,
d'excursions, de compassion et d'affection que cette solidarité puisse quelque peu atténuer leur solitude et leur donner l'espoir d'une vie normale.


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