à défaut de trouver un emploi convenable, les universitaires diplômés se rabattent sur le dispositif de la prime d'insertion des diplômés (PID). Ce programme, créé par l'Agence de développement social (ADS) suite à un décret exécutif du 30 avril 2008 en remplacement de l'ancien contrat pré-emploi (CPE) vise, il est utile de le rappeler, l'insertion professionnelle des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur ainsi que des techniciens supérieurs issus des instituts nationaux de formation. Dans ce cadre, la durée d'insertion est d'une année renouvelable une seule fois, alors que l'indemnité est fixée à 10 000 dinars par mois pour les universitaires diplômés et à 8 000 dinars pour les techniciens supérieurs. A ce titre, le jeune diplômé peut bénéficier, dans le cadre de cette opération, d'une formation qualifiante dans les établissements de formation pendant une durée maximale de six mois, avec une indemnité de 2 500 dinars par mois. Il est clair que ces «pré-salaires» ne font nullement rêver un universitaire diplômé. Mais face au chômage et ses ravages, ces jeunes préfèrent aller gagner un argent de poche grâce à ce dispositif d'emploi plutôt que d'attendre dans leur quartier d'hypothétiques lendemains enchanteurs. Du coup, pas moins de 10 337 jeunes universitaires diplômés et techniciens supérieurs ont été placés dans des secteurs administratif et économique depuis le mois de mars dernier, a révélé hier l'ADS. Celle-ci a indiqué aussi qu'«un programme de 54 000 nouveaux postes d'emploi est prévu pour l'année 2010 au profit des universitaires diplômés et techniciens supérieurs, âgés de 19 à 35 ans, et ce, dans le cadre du dispositif du PID. 10 337 jeunes ont été déjà placés dans des administrations et des entreprises économiques publiques et privées». Par ailleurs, parmi les 54 000 postes d'emploi, 23 800 dossiers sont d'ores et déjà validés par la commission de sélection et les jeunes concernés sont en cours de placement. Sur un autre chapitre, il est à signaler que les nouveaux postes d'emploi programmés pour 2010 «pourront répondre à près de 60% de la demande globale, estimée à 91 000 demandes d'insertion des diplômés déposées auprès des Directions de l'action sociale (DAS) au niveau de 40 wilayas et à 50,7% de la demande prévisionnelle transmise par les DAS des 48 wilayas», estime Nacera Merouani, directrice des programmes d'emploi et d'insertion à l'ADS, cité hier par l'APS. Toutefois, en dépit de l'optimisme affiché par les responsables de l'ADS, la majorité des experts du marché du travail en Algérie considèrent que la prime d'insertion professionnelle n'a pas donné des résultats tangibles sur le terrain, constatant que le marché de l'emploi des diplômés connaît chaque année l'arrivée d'un flot important de demandeurs auquel le PID à lui seul ne saurait répondre. En plus, les pouvoirs publics manipulent souvent les chiffres du pré-emploi pour masquer toute l'étendue du chômage. Et c'est pour cette raison que le PID et son ancêtre le contrat pré-emploi (CPE) sont considérés comme une «arnaque» par les économistes car, dans la majorité des cas, ces contrats n'aboutissent jamais à un emploi permanent. «Au meilleur des cas, ces jeunes diplômés arrachent un contrat d'un an avec un salaire dérisoire. Ce n'est pas du tout sérieux», signalent de nombreux professionnels de l'emploi en Algérie. Décidément, l'optimisme de l'ADS est un trompe-l'œil. A. S.