Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Les manifestations et protestations des jeunes, qui ont éclaté un peu partout dans la région de Annaba, ont été évoquées hier par le premier responsable de la wilaya lors d'une rencontre avec la société civile dans la matinée d'hier au palais de la culture. Directeurs de l'exécutif, présidents d'APC de toutes les communes et toutes les associations ont assisté à cette réunion qui a duré plus de 5 heures d'affilée. Le wali parlera dans un premier temps d'un déficit en matière de communication avec les citoyens qui ne trouvent d'autres moyens d'expression que ces manifestations à répétition. Il tancera vertement les élus pour ne pas avoir été suffisamment à l'écoute de leurs concitoyens et de n'avoir pas pris en charge leurs préoccupations sur le plan aménagement et développement ce qui a abouti à cette situation. «Pourtant, lancera-t-il, des sommes colossales ont été allouées par l'Etat à la wilaya de Annaba, les communes ont bénéficié de 143 milliards de DA d'aides en 2008 dans le cadre du Fonds commun des collectivités locales (FCCL). Ces aides sont allées aux écoles, aux cantines scolaires, à l'amélioration du cadre de vie des citoyens et à l'effacement des dettes héritées des anciennes APC pour que les nouvelles puissent avoir un bon départ. Cela n'a vraiment pas été le cas et les APC, occupées par de faux problèmes alimentés par des querelles intestines, ont été à l'origine des retards accumulés. Des projets inachevés, d'autres inscrits aux plans communaux de développement n'ont pas été lancés et les crédits débloqués n'ont pas été consommés. Nous sommes intervenus pour retirer ces projets et les réaffecter aux directions de l'exécutif concernées par les travaux de réalisation et nous continuerons à le faire tant que ces APC, censées être à l'écoute de leurs administrés, ne font pas leur devoir.» Le directeur de la planification et de l'aménageant du territoire interviendra à son tour pour dire que la wilaya de Annaba, classée comme aire métropolitaine, a bénéficié de crédits qui se montent à 18 000 milliards de DA en l'espace de 10 ans et 51 500 logements, soit 2 fois plus que depuis 1962 à 1999 et 93 600 emplois ont été créés. «Il y a aujourd'hui à Annaba, déclare-t-il, 16 611 habitations précaires qu'il faudra éradiquer et, pour cela, nous avons demandé l'attribution d'un quota supplémentaire de 30 000 logements, une demande que nous défendrons à Alger très prochainement. Nous allons également demander des crédits que nous estimons nécessaires pour le développement de la wilaya, des crédits qui se montent à 24 000 milliards de DA pour le prochain quinquennat à travers lesquels nous tablons sur la création de 300 000 emplois parce que, selon nos statistiques, Annaba compte parmi sa population 65% de jeunes.» Le chef de l'exécutif reprendra la parole pour dire qu'il faut rétablir la confiance entre le citoyen et les élus et l'administration : «C'est une nouvelle page, nous demeurons à l'écoute de nos concitoyens et nous sommes là pour les aider. Je vous demande seulement plus de compréhension pour nous laisser travailler.» Citant le cas de la cité El Fekharine, il dira qu'il y a dans ce quartier «des marchands de misère» qui revendent les baraques après que leurs occupants ont bénéficié de logement. «J'ai su, révèle-t-il, après une de mes visites dans ce quartier, que les prix des baraques ont augmenté parce qu'on a su que ma visite sera suivie par des décisions de relogement. Eh bien, nous mènerons nos enquêtes et ceux qui ont revendu après avoir obtenu des logements pour revenir encore une deuxième fois se verront poursuivis et les logements attribués seront restitués.» Tour à tour les présidents des associations se sont relayés au micro pour exposer les problèmes des cités où ils vivent ainsi que ceux vécus par les jeunes. Le logement et le chômage, les emplois au compte-gouttes et très insuffisants, népotisme et passe-droits, conditions d'habitation précaires, déficit de communication avec les élus et les directeurs des différentes administrations, dégradation du cadre de vie dans certaines cités et bien d'autres problèmes revenaient comme un leitmotiv. Le wali, qui avait noté toutes ces préoccupations, a annoncé que des tournées dans toutes les communes seront effectuées dans les jours à venir pour s'informer plus sur la situation in situ et ainsi apporter toutes les corrections qui s'avèrent nécessaires ; les problèmes évoqués seront pris en charge progressivement et la situation ira en s'améliorant, son administration fera le nécessaire et il y veillera personnellement.