Quatre mois après les législatives, l'Irak n'a toujours pas de nouveau gouvernement. Et le cycle de violence se poursuit inlassablement. Hier, un kamikaze s'est fait exploser au milieu de miliciens sunnites venus toucher leur paie dans une base militaire de Radwaniya, une localité à majorité sunnite à 25 kilomètres à l'ouest de Baghdad. Au moins 43 personnes ont été tuées et 40 blessées. Le kamikaze s'est fait exploser au milieu de militaires qui faisaient généralement entrer ces miliciens connus sous le nom de «sahwa». Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier en Irak depuis le 10 mai, quand quatre voitures piégées avaient successivement explosé sur le parking d'une usine de textile de Hilla, à 95 km au sud de Baghdad, au moment de la sortie des ouvriers. L'attaque avait fait au moins 53 morts et 157 blessés. Les Sahwa ont joué un rôle-clé dans la baisse globale des violences en Irak, selon une stratégie américaine qui a débuté fin 2006 dans la province d'Al Anbar. Devant les résultats tangibles, l'option est reproduite dans la majorité des provinces sunnites d'Irak. Comme la police et l'armée irakiennes, ces milices sont vite devenues une cible privilégiée pour les attaques. Pour certains opposants à la présence américaine, ils sont accusés de «trahison». Financées au départ par l'armée américaine, les milices, dont l'effectif total a atteint 94 000 membres en Irak, sont passées début 2009 sous l'autorité du gouvernement irakien qui en a incorporé 20% dans ses forces de sécurité. La situation préoccupe Washington. Les Américains veulent laisser un Irak politiquement stable après leur retrait, mais le pays semble définitivement piégé dans le tourbillon de la violence. Le Premier ministre sortant, le chiite Nouri al-Maliki, rejeté par la population sunnite lors des législatives du 7 mars, avait décidé de placer les milices sahwa au centre des efforts de renseignement pour combattre les insurgés. Ces attentats interviennent au moment où les Etats-Unis retirent dans un long processus leurs forces de combat. Le contingent américain, actuellement de 74 000 hommes, doit être ramené à 50 000 au 1er septembre. Dans ce contexte, à Baghdad comme à Washington, de nombreuses voix se sont élevées pour mettre en garde contre le risque que le durcissement de l''impasse politique en Irak peut générer. Pendant ce temps, le pays sombre dans le maelström de la violence. La semaine dernière, au moins 70 personnes ont péri en trois jours à Baghdad dans des attentats contre un pèlerinage chiite. M. B.