Les accidents de la route n'observent pas de trêve. Il ne se passe plus un jour sans qu'on signale des accidents meurtriers sur nos routes, à l'exemple de celui survenu le week-end dernier à Mascara et ayant coûté la vie à 22 personnes. Un dépassement dangereux d'un fourgon de transport public a entraîné le triste bilan. Le comportement du conducteur renseigne, à première vue, sur la violation du code de la route qui interdit tout dépassement. Il révèle également une imprudence, souvent meurtrière, dont les voyageurs subissent les conséquences tout aussi meurtrières. Sur le lieu du drame, donc à chaud, le ministre des Transports a déclaré que «les lois devraient être rigoureuses». Est-ce suffisant pour mettre un terme à un phénomène qui endeuille sans cesse des familles algériennes ? Il est certain que l'intention, si sincère soit-elle, n'a jamais réglé un problème. Sans l'accompagner de mécanismes pratiques, elle ne pourra pas dépasser le stade du discours pour atteindre celui de l'acquis palpable. Pour mieux maîtriser la vitesse prise par les accidents de la route, le ministère des Transports avait opté, dans un plan global de lutte contre le terrorisme routier, pour plusieurs mesures, allant du contrôle technique des véhicules de plus de trois ans à la révision des différentes étapes des cours dispensés aux futurs conducteurs, en passant par la campagne de sensibilisation relayée par les médias lourds. L'objectif recherché à travers cette nuée de mesures était d'éliminer les facteurs et autres éléments à l'origine des accidents. Hélas, les résultats ne suivent pas. Car, en plus de l'insouciance manifeste des citoyens, les autorités font visiblement preuve d'un laisser-aller à qualifier de dangereux, à l'image du dépassement d'un «chauffard». La précipitation et la pression ayant entouré l'opération de contrôle technique des véhicules n'ont pas été sans pousser des automobilistes à fuir l'opération en recourant à des procédés que ni la loi ni la morale ne tolèrent. L'idée de réviser le processus de délivrance du permis de conduire, née suite au constat établi selon lequel plus de 90% des accidents de la route sont dus au facteur humain, peine à trouver une voie sans obstacle. Instructive et pédagogique, la nouvelle feuille de route ministérielle concernant la formation des candidats aux permis de conduire n'est pas du goût des gérants des auto-écoles qui se déclarent lésés du point de vue commercial, dans le sens où le nombre d'élèves qu'ils sont autorisés à inscrire sera revu à la baisse. Face à la prévention voulue par les pouvoirs publics, les formateurs de conducteurs évoquent «un manque à gagner injustifié». Le refus de ces derniers d'adhérer au plan de lutte contre les accidents de la route préconisé par la tutelle réduit ainsi les chances de son succès qui dépend de la disponibilité de toutes les parties concernées à coopérer pour une finalité commune, à savoir faire baisser le nombre d'accidents. Devant des citoyens peu soucieux de leur propre sécurité, une administration qui ne veille pas assez sur l'application des règles qu'elle décrète, il ne reste que la voie de la prudence. Elle évitera à tout le monde la facture de l'imprudence. A. Y.