Photo : APS De notre envoyé spécial en Ouganda Abderrahmane Semmar à n'en point douter, le Sommet de Kampala aura été l'un des sommets les plus riches en recommandations et décisions adoptées par l'Union africaine à travers toutes ses instances. Lors de la clôture des différents travaux de cet important rendez-vous dans l'agenda des dirigeants africains, plusieurs décisions ont été arrêtées et divers objectifs ont été fixés. L'Algérie qui a participé, comme à son habitude, avec beaucoup d'application et de sérieux dans ce sommet n'a pas manqué de déposer plusieurs projets de résolutions et de propositions de travail en vue des prochains sommets de l'UA. Ainsi, de la lutte contre le terrorisme au changement climatique en passant par la santé maternelle et infantile et la réforme du Conseil de sécurité, le président Bouteflika a tenu à intervenir tout au long de ce sommet sur tous ces sujets en y apportant un éclairage qui n'a pas manqué de susciter de l'intérêt au sein des autres délégations africaines. Il est à signaler également que plusieurs candidatures algériennes ont été nommées à la tête de différentes commissions de l'UA. Parmi les plus importances de ces élections, la reconduction d'Ahmed Benbella à la tête du Groupe des Sages qui permettra à coup sûr à l'Algérie de renforcer son influence et son leadership au sein de l'Union africaine. Une Union africaine que l'Algérie souhaite forte et présente sur la scène internationale. Et pour ce faire, Abdelaziz Bouteflika a fortement plaidé pour une réforme profonde du Conseil de Sécurité. Une réforme qui doit permettre à au moins deux représentants africains d'être nommés comme membres permanents dont un avec le droit de veto. Sur ce propos, plusieurs dirigeants africains ont fait leur cette recommandation. D'autre part, c'est sur le sujet de la santé maternelle et infantile qu'un consensus s'est dégagé entre les pays africains. Tous les présidents et chefs de gouvernement présents à ce sommet ont pris conscience de la nécessité de développer leur système de santé. Pour ce faire, il est important d'investir au moins 15 % de son PIB dans le secteur de la santé, recommande l'UA dans ses décisions adoptées par le Conseil exécutif. Cette recommandation, que peu de pays africains appliquent, devrait être sérieusement prise en compte par les gouvernements du continent. Et pour cause, beaucoup d'engagements ont été pris au cours de ce sommet en faveur des femmes et des enfants. Il faut savoir à ce sujet que la moitié des décès de mères et d'enfants dans le monde survient en Afrique qui ne représente pourtant que 12 % de la population mondiale. L'immense majorité de ces décès - 4,5 millions d'enfants et 265 000 mères chaque année- serait évitée avec un minimum de soins médicaux lors de l'accouchement et dans les mois suivants. Il y a donc urgence à agir vite car quand les dirigeants de la planète se retrouveront en septembre à New York pour faire le point des avancées dans l'ambitieux projet de réduction globale de la pauvreté d'ici 2015 (les «objectifs du Millénaire pour le développement»), ils ne pourront que constater à quel point la santé maternelle et infantile est à la traîne des autres objectifs. Aujourd'hui, les pays africains dépensent en moyenne de 25 à 27 dollars pour la santé de chacun de leurs habitants, contre 1 252 en Europe et 1 350 aux Etats-Unis, selon l'institut Africa public health information service. Pour changer cette réalité, l'Afrique a besoin d'aides au développement. Or, celles-ci arrivent au compte-gouttes puisque les partenaires de l'Afrique l'ont souvent bernée avec des promesses jamais tenues. Dans ce sens, Abdelaziz Bouteflika a lui-même interpellé la communauté internationale sur la nécessité de réadapter les partenariats liant l'Afrique aux pays riches à ses besoins fondamentaux. Le même constat a été dressé par le président de la République quant au changement climatique dont les principaux responsables sont les pays industrialisés, mais les grandes victimes sont les Africains. En prévision de la Conférence de Cancun qui se tiendra en septembre prochain, le Chef de l'Etat a appelé les Africains à faire preuve de courage dans les négociations qui seront âpres et difficiles tant les enjeux économiques et financiers demeurent considérables. Du courage, l'Algérie le préconise aussi dans la lutte contre le terrorisme qui frappe de plein fouet le Sahel et la Somalie. Le commissaire à la Paix et à la Sécurité, l'Algérien Ramtane Lamamra, s'est montré très optimiste dans ce sommet car en 2010 de nombreux conflits ont été résolus grâce à la médiation de l'UA. L'Afrique a donc les capacités d'éteindre les feux qui se déclarent dans sa maison. Elle vient de le prouver en envoyant de nouveaux contingents en Somalie ou en parrainant le processus de la restauration de la paix au Soudan. Et c'est avec la même détermination que l'Union africaine compte libérer le continent du terrorisme des hordes d'El Qaïda. Coopération entre les pays et entraide commune sont pour cela à l'ordre du jour. L'Algérie a pesé de tout son poids sur ces questions pour qu'elles aboutissent à des démarches concrètes. Mais est-ce pour autant la fin de l'Afrique soumise, détruite par ses conflits internes et ses tragédies humanitaires ? Long est encore le chemin à parcourir pour que l'Afrique puisse faire face à ses défis et entrer dans l'ère de la modernité.