Le président syrien Bachar al Assad a effectué, hier, sa première visite au Liban depuis l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri à Beyrouth. La visite conjointe avec le roi saoudien Abdallah, également historique, a pour but de calmer les tensions liées à une possible accusation du Hezbollah dans l'assassinat. Chargé de toutes parts d'être derrière cet assassinat, Damas a été contraint de retirer ses troupes de chez son petit voisin après trente ans de tutelle. Débute alors une longue période d'animosité entre les deux voisins. Damas aura beau démentir toute implication dans ce crime, rien n'y fait. Depuis son accession au pouvoir en 2000, Assad aura visité à deux reprises le Liban. Son prédécesseur, son père Hafedh al Assad, s'y était rendu en 1975. Il s'agit également de la première visite d'un monarque saoudien au Liban depuis 1957. Le roi Abdallah était venu à Beyrouth en 2002, mais il n'était alors que prince héritier. Cherchant à mettre tout leur poids pour éviter une nouvelle crise au pays du cèdre, les dirigeants saoudien et syrien devraient s'engager pour la stabilité du Liban. La perspective d'une mise en cause par un tribunal de l'ONU du Hezbollah dans cet assassinat fait craindre de nouvelles violences. D'autant plus que les manipulations politiques sont coutumières dans ce dossier sensible. En 2008, des combats entre partisans du Premier ministre actuel Saad Hariri, fils de Rafic Hariri, et ceux de l'opposition ont fait une centaine de morts. Assad et le roi Abdallah ont convenu, avant leur déplacement commun à Beyrouth, de «soutenir tout ce qui contribue à la stabilité et à l'unité» du Liban. A Beyrouth, des drapeaux saoudien et syrien, ainsi que d'immenses portraits du roi ont été accrochés. Les journaux locaux en ont fait largement l'écho. «Leur visite conjointe revêt un caractère historique, voire déterminant de par son timing et ses conséquences sur la crise qui s'intensifie au Liban sur fond du tribunal international», a écrit le quotidien An Nahar. Au palais présidentiel de Baabda, près de Beyrouth, le roi saoudien et le président syrien se sont entretenus avec le chef de l'Etat libanais Michel Sleimane. La Syrie est considérée comme un soutien du Hezbollah, mouvement qui prône la résistance, tandis que l'Arabie saoudite est le plus important allié régional de Saad Hariri. Les relations entre ces deux puissances régionales en dents de scie demeurent un baromètre des «équilibres» dans la région. Un rapprochement s'est répercuté positivement sur les liens entre Beyrouth et Damas, qui ont établi en 2008 des relations diplomatiques, et ce, pour la première fois de leur histoire. Avant la première visite à Damas fin 2009 de Hariri, le camp majoritaire au Parlement libanais était virulent à l'égard de Damas, accusé d'avoir eu un rôle probant dans l'assassinat de Rafic Hariri. M. B.