Photo : Riad Par Smaïl Boughazi Le tourisme reste l'un des secteurs qui seront à l'avant-garde de l'économie mondiale, affirment les spécialistes. Les recettes de ce secteur dans le monde ont atteint l'année dernière plus de 850 milliards de dollars. Ce qui reflète sans l'ombre d'un doute l'apport du tourisme dans plusieurs pays. En Algérie, les choses commencent à bouger, disent certains spécialistes. Cette dynamique se fait sentir beaucoup plus dans les projets lancés à travers le territoire national par les nationaux comme par les étrangers. Mais la question du tourisme, comme on le souligne, demeure assujettie à une culture et à une mentalité qui doivent avant tout naître au sein de la communauté ou dans la cité. Les somptueuses stations balnéaires restent assurément orphelines et dénuées d'importance sans un service de qualité et un climat d'hospitalité. Si la question du tourisme en Algérie suscite des interrogations multiples notamment pour son développement et sa mise à niveau, celle des infrastructures touristiques -un des chapitres lourds du secteur- n'a jamais été autant d'actualité que ces dernières années. Tout porte à croire que l'investissement dans les projets touristiques commence sérieusement à prendre sa vitesse de croisière. Le ministère en charge du dossier, pour être au rendez-vous en 2015, a tracé un programme ambitieux s'étalant jusqu'à 2025. Les pouvoirs publics tablent ainsi sur des recettes qui peuvent atteindre 2 milliards de dollars à terme et créer quelque 100 000 emplois directs et même attirer 4 millions de touristes dont la moitié seraient des étrangers, selon les prévisions des spécialistes. Le ministère estime que cela ne se fera pas fortuitement puisque les projets touristiques en cours de réalisation et ceux en étude permettront de porter le nombre des lits à 260 000 alors que le parc est évalué actuellement à quelque 85 000. Ces quelques chiffres reflètent la stratégie des pouvoirs publics dans l'objectif de rehausser le rendement et le niveau d'un secteur assez porteur. Dans ce sillage, plusieurs contrats de partenariat portant sur le lancement de projets touristiques à travers l'ensemble du territoire national ont été signés entre le ministère et des investisseurs locaux et étrangers. Ces investissements annoncés en grande pompe sont considérés comme l'un des piliers sur lesquels se baseront la stratégie tracée par les pouvoirs publics. Il est utile de rappeler que les investisseurs arabes se classent au premier rang avec plusieurs projets : des villages touristiques, des complexes et des hôtels de différentes catégories. Ces projets sont à même d'offrir un support indispensable au secteur et d'élever la qualité des structures touristiques à un niveau international. Les investisseurs arabes en tête 111 opérateurs nationaux ont signé récemment des contrats de réalisation de projets d'hôtels avec le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme. Il s'agit, selon le ministère, de pôles d'excellence touristiques qui concernent plusieurs wilayas du pays. Ces projets qui toucheront plusieurs créneaux tels que les stations balnéaires, thermales et climatiques, permettront d'augmenter le parc national de 11 000 lits et de créer 16 000 emplois. Pour le pôle Nord-Est qui touchera 12 wilayas, il est fait état de 32 projets, d'une capacité de 2 616 lits, qui engloberont 24 urbains, 2 balnéaires, 4 thermaux, 2 climatiques. Le pôle Nord-Centre touchera 8 wilayas et concernera 33 projets, dont 23 urbains, 8 balnéaires, 2 climatiques, d'une capacité de 4 040 lits. Selon le ministère, 27 autres projets, dont 18 urbains, 5 balnéaires, 3 thermaux, 1 climatique, d'une capacité de 2 725 lits seront implantés à l'Ouest, 14 autres projets, dont 12 urbains, 1 saharien, 1 thermal, d'une capacité de 775 lits ainsi que d'autres projets seront réalisés dans le sud du pays. Selon le ministre en charge du secteur, ces contrats s'inscrivent dans une démarche de partenariat fondée sur la confiance réciproque et l'ancrage à un développement du tourisme en Algérie tel que préconisé par le gouvernement. En plus des investissements locaux, le ministère a inscrit dans son programme de somptueux projets, chiffrés à coups de milliards de dollars. La quasi-majorité de ces projets émanent d'investisseurs arabes. On peut citer, à titre illustratif, les villages touristiques de Messida à El Tarf et Aïn Chorb à Aïn Taya dont la réalisation a été confiée à l'Emirates International Investment Company «EIIC». Quant à la société saoudienne SIDAR, elle chapeaute une panoplie de projets, entre autres, les villages touristiques de Sidi Salem (Annaba), d'une capacité de 4 938 lits, de Sghirat (Boumerdès), d'une capacité de 2 697 lits, de Zéralda-Ouest, d'une capacité de 6 885 lits. Il y a lieu de signaler également le projet du groupe Emaar à Tipasa, un village touristique (colonel Abbas) d'une capacité de 1 240 lits ainsi que le village touristique de Oued Bellah Cesaree d'une capacité de 1 426 lits qui sera réalisé par le groupe Cevital. Cet aréopage de projets et de réalisations est considéré par les spécialistes du secteur comme une véritable «bouffée d'oxygène». Après une longue période de délaissement, ces nouvelles structures touristiques et hôtelières, qui s'ajouteront à celles déjà existantes, donneront, à coup sûr, une nouvelle dynamique au tourisme qui piétine depuis plusieurs années à cause du désintérêt des parties concernées. Les investisseurs, eux, n'ont qu'à se réjouir de cette relance. Issad Rebrab l'a même souligné récemment : «L'Algérie possède un paysage et des potentialités extraordinaires qu'il convient de mettre en valeur à travers des projets touristiques concrets.» Parallèlement à cet engouement, une certaine frilosité est perçue chez d'autres investisseurs, notamment ceux de la classe moyenne. Certains sont allés jusqu'à proposer des sondages en ligne afin d'évaluer la situation et même d'avoir les données nécessaires pour l'investissement dans ce créneau porteur et qui demeure pour le pays l'un des gisements inépuisables notamment en devises et même en opportunités d'emploi. Certains de ces petits investisseurs, qui veulent monter leurs propres projets, estiment que l'investissement dans ce secteur ne doit pas être l'apanage des grands groupes ou de sociétés ; il pourrait être élargi aux PME. L'argument, selon eux, est que la valorisation des sites touristiques pourrait être faite avec les moyens du bord, évitant ainsi d'altérer la beauté d'innombrables paysages féeriques.