Photo : M. Hacène Par Hayet Youba Le procès du Fonds algéro-koweïtien (Faki) est passé jeudi dernier davant la cour d'appel d'Alger. Dix des vingt-trois inculpés de cette affaire, qui ont introduit une cassation, ont été rejugés par la cour d'appel d'Alger qui a confirmé toutes les peines prononcées lors de la première instance en juillet 2006. Six inculpés seulement ont comparu dont deux détenus. L'un des quatre absents à ce procès est M. Chani. Medjdoub, un expert financier qui vivait à Luxembourg et qui est actuellement en détention dans l'affaire de l'autoroute Est-Ouest, actuellement en cours d'instruction. Certains des inculpés présents jeudi dernier au procès en appel ont bénéficié de relaxe sur des chefs d'inculpation mais sans remise de peine. Les peines de 2 à 10 ans de prison ferme ont été donc confirmées ainsi que les amendes prononcées lors du procès en première instance devant le tribunal de Bir Mourad Raïs en juillet 2006. Il s'agit, rappelons-le, du détournement de plus de 60% des 178 millions de dollars (près de 1 780 milliards de centimes) du Fonds algéro-koweïtien d'investissements (Faki). Créé en 1988 pour promouvoir l'investissement en Algérie, le Faki sera détourné de sa vocation première pour ne servir qu'à gonfler les comptes d'opérateurs privés qui se sont servis à satiété. Des sommes mirobolantes ont été ainsi détournées. Le préjudice subi par cet établissement financier s'élève à près de 800 milliards de centimes. Une somme subtilisée soit sous forme de crédits non remboursés, soit tout simplement sous forme de transferts vers des comptes à l'étranger. La majorité des personnes ayant bénéficié de crédits de ce Fonds étaient également débitrices auprès de banques qui se sont retrouvées mêlées à de gros scandales financiers telles que Khalifa Bank, BCIA, Union Bank et la CAB. Un investisseur très connu à Blida s'est vu octroyer un prêt de 2 milliards de centimes. Sept autres opérateurs ont bénéficié respectivement de crédits allant de 100 millions à 60 milliards de centimes. Tout cela sans que le moindre dinar ne soit remboursé au Faki. Le comptable du Fonds, pour sa part, s'est octroyé, en utilisant le nom de son fils, un prêt de 30 milliards de centimes. La cerise sur le gâteau a été mise par le directeur du Faki, le fils d'un ex-ministre. Ce dernier, informaticien au Luxembourg qui s'est vu proposer le poste de dirigeant du Fonds, a détourné à son profit la «modique» somme de 250 milliards de centimes. Une opération qui sera réalisée par le biais de deux établissements financiers, à savoir la Housing Bank et l'ABC Bank, sans l'autorisation de la Banque d'Algérie. L'argent détourné a été transféré dans son compte à New York où il a trouvé refuge pour se soustraire à la justice. Une fois le pot aux roses découvert en 2006, le conseil d'administration du Faki a déposé une plainte pour détournement et dilapidation. Un procès en première instance a eu lieu devant le tribunal de Bir Mourad Raïs où 23 inculpés ont été condamnés à des peines allant de 2 à 10 ans de prison ferme, assorties de 200 milliards de centimes de dommages et intérêts. A l'encontre de Brahimi Anouar El Mili, l'ex-directeur du Faki, ainsi que son épouse, Nawel Bouslah, en état de fuite et qui ont été reconnus coupables de détournement de deniers publics et privés, escroquerie, faux et usage de faux et blanchiment d'argent, une condamnation par contumace à dix ans de prison ferme a été prononcée en plus d'une amende de 3 millions de dinars chacun. Ils ont également été condamnés à rembourser au Faki un milliard de dinars (100 milliards de centimes). Un mandat d'arrêt international à leur encontre a été lancé par le tribunal de Bir Mourad Raïs. En appel, les condamnations de dix inculpés ayant introduit une cassation ont été confirmées. L'argent subtilisé reste toujours dans la nature et le principal inculpé et sa femme, à savoir Brahimi Anouar El Mili, le fils d'un ex-ministre de l'Education, et Nawel Bouslah, sont toujours en fuite.