Le procès en appel du détournementde fonds commis par l'ex-directeur général du fonds algéro-koweïtien d'investissements (FAKI) s'ouvre aujourd'hui à la Cour d'Alger. Le principal accusé, l'ex-président de ce fonds, qui a la double nationalité algérienne, ainsi que son épouse, sont accusés d'avoir détourné de fortes sommes en devises, estimées à 30 millions de dollars. Ces deux inculpés avaient fui le pays pour s'installer à l'étranger. D'où un mandat international a été lancée contre eux ; ils ont été condamnés à dix ans de prison ferme en première instance. En effet, il s'agit de la première affaire de blanchiment d'argent traitée par la justice algérienne. Vingt-cinq personnes ont été impliquées est jugées au tribunal correctionnel de Bir Mourad Raïs. Les peines prononcées varient de 7 à 10 ans de prison ferme pour 23 des accusés. Cette affaire, rappelons le, a commencé lorsque les autorités ont découvert que M. El Mili Anouar avait, précédemment, effectué de nombreux transferts d'argent en devises, estimés à 30 millions de dollars, vers son compte bancaire à Luxembourg d'une manière illégale. C'est ainsi qu'une enquête des services de sécurité a été enclenchée. Elle a été prise en charge, au départ, par la brigade économique et financière (BEF) de la Sûreté de wilaya d'Alger. Dans son PV, la BEF a fait part de plusieurs infractions à la loi de la part du DG du FAKI. L'enquête a établi que ce dernier a produit un faux certificat de garantie de Housing Bank auprès d'El Baraka Bank pour demander le financement de l'achat de 15% du capital de Saidal. Il est aussi accusé d'avoir tenté d'escroquer El Baraka Bank en lui remettant, pour l'obtention de ce financement, un faux chèque de garantie de l'ordre de 1,5 milliard de dinars. Saisie, d'autre part, par la Housing Bank, sur une affaire de transfert de 250 000 euros par le DG du FAKI vers l'étranger, la cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) a bloqué les avoirs de ce fils d'un ancien ministre qui avait, avant la signature de cette mesure conservatoire, réussi à transférer d'importantes sommes en devises vers son compte bancaire domicilié au Luxembourg. De nombreux transferts, de deux millions d'euros et de cinq millions d'euros notamment, ont été effectués par cet accusé avant la découverte du pot aux roses. Au total, 30 millions de dollars se sont évaporés de la sorte. Brahimi El Mili Anouar procédait de la manière suivante ; il achetait, selon l'enquête, des sommes importantes en devises au marché parallèle avec l'argent du FAKI, avant de le transférer vers l'Europe. Il est accusé, par ailleurs, d'avoir accordé des crédits bancaires à des particuliers, contrairement à la mission de ce fonds de garantie censé investir dans l'achat de parts de capitaux. Le DG du Faki avait ouvert 4 comptes bancaires, un auprès d'El Baraka Bank, un à la Société Générale Algérie, un à Arab Bank et un à Housing Bank. Il avait ouvert un cinquième compte bancaire à la CA Bank, en date du 22 juin 2005, où il a déposé la somme de 500 millions de centimes sans en informer son conseil d'administration. De cette manière, et en moins d'une décennie, la grande délinquance économique est devenue, en Algérie, un véritable fléau. Les scandales financiers se sont multipliés, de la faillite du groupe Khalifa au détournement de plusieurs milliards de dinars à la Banque nationale d'Algérie (BNA), en passant par la vaste escroquerie montée au sein de la Banque commerciale et industrielle d'Algérie (BCIA) et le dernier scandale de la Badr, l'Algérie se voit dans l'obligation de revoir ses politiques concernant la lutte contre la corruption pour ainsi faire face à ces multiples dépassements sur les deniers publics. Synthèse Idir Ait Meziane