Photo : M. Hacène Par Karima Mokrani Contrariés, des étudiants d'Alger se voient affectés dans des filières ouvertes dans des universités hors wilaya. Le cauchemar ! Pourtant, ce sont eux-mêmes qui les ont choisies. Consciemment ou inconsciemment, ils se sont mis dans une situation inextricable. «Il n'y a que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui peut régler ce problème… C'est vraiment un grand problème», lance une jeune femme, chargée de l'orientation des nouveaux bacheliers à l'université de Bouzaréah. Les étudiants piégés par leur empressement, peut-être même par leur ignorance malgré le fait qu'ils disposent de tout un guide pour leur orientation, avaient mal rempli leur fiche de vœux. Ils ne savaient pas que chaque choix a son importance et que toute erreur a ses conséquences. «L'essentiel est que je remplisse le tableau, se disent-ils. C'est pourquoi ils mettent n'importe quoi. Et voilà les conséquences !» confie la jeune femme. «Si vous étiez venue une heure avant, vous auriez constaté de vous-même à quel point ces nouveaux bacheliers sont désespérés. Ils ont pleuré, crié… On ne sait plus quoi faire maintenant. Ils se sont piégés eux-mêmes. Nous sommes vraiment dans l'embarras», a-t-elle poursuivi. Les nouveaux étudiants avaient aussi la certitude d'être affectés dans les filières de leurs premiers choix, comptant sur leur moyenne qui dépassaient largement 10/20. Pour le reste, il n'y avait qu'à remplir les cases vides. Un jugement qui s'est avéré fatal. Le même problème s'est produit l'année dernière avec une soixantaine d'étudiants. «Il y avait le même problème l'année dernière mais, au grand bonheur des étudiants, il y avait aussi le recteur Tahar Hadjar. Celui-ci avait tout fait pour les récupérer et les inscrire à Alger. Le dernier jour des inscriptions, tout est rentré dans l'ordre», confie un agent de l'administration de l'université de Bouzaréah. Pour cette année, les choses sont différentes. Premièrement, «l'ancien système, c'est terminé. Le LMD s'est généralisé à toutes les filières». Deuxièmement, «Tahar Hadjar n'est plus responsable de l'université de Bouzaréah». En effet, l'université d'Alger est, depuis plus d'une année, divisée en trois : l'université d'Alger (faculté centrale), l'université de Bouzaréah, composée de la faculté des sciences humaines et de celle des lettres et langues, ainsi que de l'institut d'archéologie et enfin l'université de Dély Brahim. C'est ce qui explique, en partie, la meilleure organisation des inscriptions malgré le nombre croissant des mécontents. «Nous avons beaucoup moins de monde que les années passées. Nous gérons mieux les choses», confient des hommes et des femmes de l'administration. Il est à noter qu'un nombre important d'agents est mobilisé pour cette opération. Des étudiants témoignent de leur bon sens et de leur disponibilité à l'écoute et à l'aide. «Ils ne lisent pas le guide. Pourtant, il y a tout dedans. C'est pour cela qu'ils se perdent», confie un de ces agents. Un autre soutient, sur un ton de désolation : «Même quand ils lisent, ils ne comprennent pas grand-chose. Ils ne se cassent pas la tête. Dans les années 80, les étudiants venaient seuls pour les inscriptions. Ils se débrouillaient bien. Aujourd'hui, il est rare de voir un nouveau bachelier venir sans être accompagné de ses parents ou de ses proches. Certains ne savent même pas mettre leur adresse sur l'enveloppe… C'est dommage.»