Le site d'information Wikileaks irrite au plus haut point les autorités américaines. Le Pentagone hausse le ton contre le site et exige que soient rendus «immédiatement» les 15 000 documents militaires confidentiels sur l'Afghanistan qu'il n'a pas encore publiés et qu'il retire de la Toile ceux déjà diffusés. «Le département de la Défense exige que Wikileaks rende immédiatement au gouvernement américain tous les documents extraits directement et indirectement des bases de données du département de la Défense», et «qu'il les efface de ses sites, de ses ordinateurs et de ses archives», a annoncé le porte-parole du département de la défense américain, Geoff Morrell. «La publication par Wikileaks d'un grand nombre de nos documents a déjà mis en danger nos troupes, nos alliés et les citoyens afghans qui travaillent avec nous», et «la diffusion d'informations classifiées supplémentaires ne peut qu'aggraver la situation», a-t-il ajouté, alors que le site internet a annoncé son intention de publier 15 000 nouveaux documents. «Nous ne sommes pas très optimistes» quant à la réaction de Wikileaks, «mais nous devons essayer», a-t-il fait valoir. Morrell a par ailleurs assuré que le Pentagone n'avait pas été sollicité par Wikileaks pour l'aider à retirer les noms d'Afghans aidant les forces étrangères de ces nouvelles archives, contrairement aux dires d'un porte-parole du site internet. Le site Wikileaks, fondé en 2006 et spécialisé dans le renseignement, a déjà diffusé fin juillet plus de 70 000 archives classifiées jetant une lumière crue sur la guerre en Afghanistan, avec des révélations notamment sur les victimes civiles ou sur les liens supposés entre le Pakistan et les insurgés, mais qui contiennent également le nom d'informateurs afghans. Morrell a agrémenté son invective d'une menace à peine voilée à l'encontre du groupe en assurant qu'en cas de refus, «nous étudierons d'autres alternatives pour les obliger à faire ce qu'il faut». Il a rappelé que le FBI et le ministère américain de la Justice, qui enquêtent sur ces fuites, avaient «autorité, s'ils le souhaitent, pour aborder le problème via le système judiciaire». La publication de ces documents a suscité de vives critiques de la part de la Maison-Blanche, du Pentagone et du président afghan Hamid Karzaï. Le chef d'état-major américain Michael Mullen a estimé que ces fuites mettaient en danger les forces de l'Otan et leurs informateurs en Afghanistan. Le fondateur de Wikileaks, l'Australien Julian Assange, «peut bien se répandre sur tout le bien que lui et ses sources font, mais la vérité est qu'ils pourraient déjà avoir le sang d'un jeune soldat ou d'une famille afghane sur les mains», a ainsi déclaré l'amiral Mullen. Un soldat américain déjà soupçonné d'avoir transmis au site une vidéo d'une bavure de l'armée américaine en Irak figure parmi les suspects, a confirmé Morrell. R. I.