Il est «plus qu'impératif de réfléchir à une solution à même de permettre de tirer profit de toutes ces quantités et de ne pas les gaspiller, d'autant qu'elles ont coûté cher au Trésor public». Cette déclaration d'intension faite jeudi, par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière Djamel Ould Abbès, rapportée par l'APS, concerne le stock de vaccins contre la grippe AH1N1. À l'heure où l'Organisation mondiale de la santé (OMS) essuie des critiques acerbes quant à sa gestion de la pandémie, l'OMS est suspectée de conflit d'intérêts. Campagne menée dès le début du mois de juin dernier par BMJ, British Medical Journal, et l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. L'Algérie se retrouve avec un lot de près de 650 000 doses de ce vaccin sur les bras, dont la date de péremption ne dépasse pas le 1er avril 2011. A raison de 4 euros (le prix exact 3,9 euros), la dose (le prix convenu entre l'Algérie et Arepanrix, filiale canadienne de GSK), la valeur de ce stock avoisine les 2,6 millions d'euros. Rappelons que les autorités avaient effectué une commande de 20 millions de doses pour 74 millions d'euros et reçu le quart avant de décommander le reste. Après un échec cuisant de l'opération de vaccination, où même le corps médical avait refusé de se faire inoculer le produit malgré le matraquage médiatique et les prévisions alarmistes qui faisaient de cette grippe le fléau du XXIe siècle, la transaction commerciale s'est avérée calamiteuse et presque inutile. Les 57 décès et 916 cas de contamination confirmés au 17 janvier 2010 n'ont pas convaincu les citoyens à se faire vacciner. Résultat, le ministre se voit informé par des cadres de l'Institut Pasteur d'Alger, auquel il a rendu visite, que 537 000 doses seront périmées d'ici le 31 octobre prochain et 125 000 autres au 31 mars 2011. Une perte dont Ould Abbès compte «tirer profit». Mais comment peut-on écouler une quantité de médicaments en «rade» ? Car, là, il ne s'agit pas de produits consommables à brader ou à troquer. «C'est une décision politique», affirmait le 28 juillet dernier le responsable du Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP), le Pr Benslimane Mansouri. Se dirige-t-on vers une obligation de vaccination pour un virus dont la capacité de nuisance s'est avérée limitée ? Il serait intéressant de voir les résultats des réflexions engagées par le ministre de la Santé. Par ailleurs, présidant une opération de distribution de consommables au profit des hôpitaux, le ministre dément formellement les informations faisant état de pénuries touchant certains médicaments destinés aux femmes et aux enfants. Il impute ces «rumeurs» à certains laboratoires «connus» qui ne sont «intéressés que par le gain». Il indiquera que, parallèlement, une enveloppe de 10 milliards de dinars a été dégagée pour l'importation de 54 médicaments indispensables aux malades chroniques qui seront réceptionnés prochainement. Sur un autre registre, Ould Abbès justifie le service civil obligatoire pour les médecins spécialistes. «Il est pour le moins inconcevable que l'Etat, qui a pris en charge ce médecin spécialiste depuis le cycle primaire jusqu'à l'université, remette à celui-ci un diplôme qui, tout compte fait, ne profitera qu'aux hôpitaux étrangers», rapporte l'APS. Rappelons que ces médecins ayant achevé leur formation ne se voient remettre leurs diplômes de spécialistes qu'après l'accomplissement du service civil dans une des wilayas de l'intérieur du pays. S. A.