Photo : Riad Par Samir Azzoug Le premier jour de Ramadhan 2010 à peine passé, et déjà les vieux réflexes de jeûneurs se sont installés. Chacun reprend le rôle qu'il occupait l'année dernière à la même époque. Les pères et mères de famille ont repris le chemin des étals de marché pestant contre la mercuriale qui n'évolue jamais dans le sens qui les arrange. Même si cette année, il faut reconnaître que, mis à part l'augmentation inexplicable de quelques légumes (haricots verts, navets, courgettes et carottes), les prix de fruits et légumes n'ont pas connu le pic vertigineux coutumier lors de l'approche du mois sacré du jeûne. Cette année, les augmentations ont eu lieu avant. Il est encore trop tôt pour en juger, mais il semblerait que les prix des fruits et légumes ne sauraient connaître les envolées enregistrées lors des derniers Ramadhans grâce, entre autres à la bonne pluviométrie et à l'ensoleillement généreux qui ont permis un bon niveau de récolte pour certains produits. En dehors des marchés, l'ambiance des villes algériennes est tombée d'un cran au premier jour de Ramadhan 2010. Hier matin, les rues avaient de la peine à afficher leurs visages de tous les jours. Mis à part le renforcement du dispositif sécuritaire dans la capitale, la circulation dans les artères de la ville restait étrangement fluide. Si les chefs de famille, comme constaté plus loin, ont choisi de faire le tour des marchés dès les premières heures du matin, les autres membres ont, semble-t-il, préféré allonger de quelques minutes, ou heures, l'opération délicate de la sortie du lit. D'ailleurs beaucoup d'employés ont préféré prendre leurs congés annuels durant le mois, craignant un épuisement quasi certain pour les plus fragiles, dû essentiellement aux fortes chaleurs et à la déshydratation. Dans ce sens, le ministère des Affaires religieuses et les différents oulémas ont insisté, cette année plus que de coutume, sur l'importance de respecter les consignes divines, à savoir que ceux qui sont exempts de jeûner doivent s'y conformer. Le retour de cette ambiance ramadhanesque se caractérise aussi par les opérations de solidarité citoyenne et d'autres commerciales, l'humeur ainsi que la frénésie de consommation qui s'empare des plus vieux aux plus jeunes jeûneurs. Le simple achat d'une baguette de pain peut prendre des heures. Car, pour ce mois où on est censé manger moins que les autres, à défaut de la quantité l'on se «rabat» sur la qualité. Il n'est pas rare dans ce cas de voir des jeûneurs faire plusieurs dizaines de kilomètres, être pris dans des embouteillages pendant des heures et en attendre d'autres encore pour le stationnement et la queue, afin d'acheter une baguette. Mais parler seulement de nourriture, dès qu'il s'agit de Ramadhan est un raccourci dangereux. Car, loin de se résumer à cela, le mois de la bienfaisance a surtout une vocation spirituelle et cultuelle. C'est pour cela qu'à côté de l'effervescence constatée au niveau des marchés, les mosquées, les lieux culturels et même la télévision deviennent les nouveaux centres d'intérêt des Algériens. S. A.